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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/378

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gneurie, transmis par Randal, qui peut porter témoignage ; j’ai agi comme le pharmacien, qui compose les drogues d’après l’ordre du médecin.

— Je m’en souviens… je m’en souviens, reprit la dame ; mais je n’avais parlé de cette assurance que dans le cas où, demeurant sur une autre juridiction, elle n’aurait pu être arrêtée par notre ordre.

— Néanmoins la dame de Lochleven est liée par l’action de son député, dit la reine.

— Madame, reprit lady Lochleven, la maison de Douglas n’a jamais manqué à une parole donnée et n’y manquera jamais… Les Douglas ont trop souffert d’un manque de foi commis à leur égard, quand un des ancêtres de Votre Grâce, Jacques II, en dépit des droits de l’hospitalité et de la promesse de sûreté écrite de sa propre main, poignarda lui-même le brave comte de Douglas, à quelques pas de la table où il était assis un instant avant, en qualité de convive honoré du roi d’Écosse.

— Il me semble, » dit la reine d’un air d’indifférence, » que d’après un exemple aussi tragique et aussi récent, car il y a tout au plus cent vingt ans que l’événement a eu lieu, les Douglas devraient se montrer moins désireux de la compagnie de leurs souverains, que vous, lady Lochleven, ne semblez l’être de la mienne.

— Que Randal, dit la dame, reconduise donc la sorcière à Kinross, et qu’il la mette en pleine liberté, la bannissant de nos terres à l’avenir, au péril de sa vie… Et que votre sagesse, ô chambellan, lui tienne compagnie jusqu’à nos limites. Ne craignez rien pour votre réputation, savant docteur, si l’on vous rencontre en pareille compagnie ; car en accordant qu’elle soit sorcière, ce serait une perte de fagots que de vous brûler, vous, comme sorcier. »

Le chambellan abattu se préparait à partir ; mais Madeleine Græme, se recueillant, semblait disposée à répondre. La reine intervint en disant : « Bonne mère, nous vous remercions de tout cœur de votre zèle sincère pour notre personne, et nous vous prions, comme notre sujette, de vous abstenir de tout ce qui pourrait vous jeter dans un danger personnel : de plus, notre volonté est que vous partiez sans dire un mot à qui que ce soit dans ce château… Acceptez ce don de notre main : c’est un petit reliquaire qui nous a été donné par notre oncle le cardinal et a été béni par le saint-père lui-même… Et maintenant allez en paix et en silence. Quant à vous, savant docteur, continua Marie en s’avançant vers le