cette dame infortunée, et j’avoue qu’elle en mérite bien la peine ; car, quoi qu’on en dise, elle a les manières les plus attrayantes, une voix douce, un sourire plein de grâce et un geste vraiment majestueux. Si elle n’a pas été empoisonnée, dites, mon cher monsieur Roland, est-ce ma faute, puisque j’étais prêt à la guérir, si elle l’eût été ? et voilà qu’on me refuse la permission de recevoir des honoraires si bien gagnés. Ô Galien ! ô Hippocrate ! Le bonnet du gradué et l’hermine du docteur sont-ils déçus à ce point ! Frustra fatigamus remediis œgros[1]. »
Il s’essuya les yeux, et monta sur le bateau qui s’éloigna du rivage et traversa rapidement le lac légèrement agité par la brise.
CHAPITRE XXXIII.
mort de dryfesdale
La dame de Lochleven quitta l’appartement de la reine, et se retira dans le sien ; elle ordonna qu’on lui fît venir Dryfesdale.
« Eh quoi ! ne t’ont-ils pas désarmé, Dryfesdale, » lui dit-elle en le voyant entrer, portant comme d’habitude son sabre et son poignard. « Non, reprit le vieillard, comment l’auraient-ils pu faire ? Quand Votre Seigneurie m’a ordonné de me rendre en prison, elle n’a pas parlé de me désarmer ; et je crois qu’aucun de vos vassaux n’oserait approcher Jasper Dryfesdale pour un tel motif, sans votre ordre ou celui de votre fils. Voulez-vous que je vous remette mon sabre ? milady ; maintenant il ne vaut plus grand’chose, car au service de votre maison il s’est usé comme le vieux couteau du panetier.
- ↑ Nous fatiguons en vain nos malades de remèdes. a. m.