Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/144

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c’était lui qu’elle voyait sur ce lit ; à peine était-elle certaine d’entendre le bruit de sa respiration. Elspat, le cœur palpitant, s’approcha du foyer placé au centre de la cabane, et où couvaient, sous des morceaux de tourbe, les restes du feu qui ne doit jamais s’éteindre au foyer écossais, jusqu’à ce que celui qui habite la maison vienne à la quitter pour toujours. « Faible étincelle ! » dit-elle en allumant, à l’aide d’une mèche, une branche de pin des marécages, qui devait lui servir de flambeau ; « faible étincelle, bientôt tu seras éteinte pour toujours ; et fasse le ciel que la vie d’Elspat Mac Tavish n’ait pas plus de durée que la tienne ! » En parlant ainsi, elle éleva la torche étincelante vers le lit sur lequel le corps de son fils était étendu dans une posture qui faisait douter s’il était endormi ou évanoui. La lumière qui éclaira tout à coup son visage frappa ses yeux ; il tressaillit, se leva brusquement et, saisissant sa dague, il s’élança comme à la rencontre d’un mortel ennemi. « N’approche pas ! sur ta vie, n’approche pas ! s’écria-t-il.

— C’est la voix et le geste de mon époux ! dit Elspat : oui, à ces paroles, à ce mouvement, je reconnais le fils de Mac Tavish Mhor.

— Ma mère ! » reprit Hamish, quittant le ton de la colère pour celui de la tristesse et de la douleur, « oh, ma mère ! pourquoi êtes-vous revenue en ce lieu ?

— Demandez pourquoi la biche retourne vers son faon ; pourquoi le chat des montagnes retourne à son gîte et à ses petits. Sachez, Hamish, que le cœur d’une mère ne vit que dans le sein de son enfant.

— Alors il cessera bientôt de palpiter, à moins qu’il n’ait le pouvoir de battre dans le sein qui repose au fond de la tombe. Ma mère, ne me blâmez pas ; si je pleure, ce n’est pas sur moi, mais sur vous. Mes souffrances auront bientôt cessé ; mais les vôtres ! oh ! qui y mettra un terme, si ce n’est le ciel ? »

Elspat recula en frissonnant ; mais, presque aussitôt, elle reprit son attitude droite et fière et son air intrépide.

« Je te croyais un homme, et tu n’es qu’un enfant, dit-elle. Écoute-moi, cependant, et ensuite nous quitterons ensemble cette demeure. Ai-je eu quelque tort envers toi ? T’ai-je fait quelque injure ? Si cela est, ne te venge pas si cruellement, je t’en supplie ! Vois Elspat Mac Tavish, qui jamais n’a fléchi le genou, même devant un prêtre, se prosterner devant son fils et implorer