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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/295

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« Fûtes-vous élevé en Écosse ? » demanda la dame, en s’adressant d’une voix tremblante à Hartley ?.. « Et quel était le nom de votre maître ?

— J’ai fait mon apprentissage chez M. Gédéon Grey, du bourg de Middlemas, répondit Hartley.

— Middlemas ! Grey ! » répéta la dame, et elle s’évanouit.

Hartley lui donna le secours de sa profession ; son mari s’empressa de lui soutenir la tête, et à l’instant où mistress Witherington commençait à reprendre ses sens, il lui dit bas à l’oreille, d’un ton qui tenait le milieu entre la prière et le commandement, « Zilia, prenez garde !… prenez garde ! »

Quelques sons imparfaits qu’elle avait commencé à former expirèrent sur ses lèvres.

« Permettez-moi de vous conduire à votre appartement, mon amour, » dit l’époux évidemment inquiet.

Elle se leva avec les mouvements d’un automate qu’on fait marcher en pressant un ressort, et s’appuyant sur le bras de son mari, elle se traîna par ses propres efforts hors de l’appartement. Elle était presque arrivée à la porte de la chambre, lorsque Hartley s’avançant demanda si l’on avait besoin de ses services.

« Non, monsieur, » répondit le général d’un ton sévère ; « ce n’est pas un cas qui réclame la présence d’un étranger ; lorsque vous serez nécessaire, je vous ferai avertir. »

Hartley recula étonné en s’entendant remercier d’un ton si différent de celui que le général Witherington avait jusqu’alors employé dans leurs relations. Pour la première fois il fut disposé à ajouter foi à la rumeur publique qui assignait à ce militaire, avec plusieurs bonnes qualités, le caractère d’un homme fier et très-hautain. Jusqu’à présent, pensa-t-il, je l’ai vu vaincu par le chagrin et l’inquiétude ; maintenant l’esprit reprend sa tendance naturelle. Mais décemment il doit s’intéresser à ce malheureux Middlemas. »

Le général rentra dans l’appartement une minute ou deux après, et parla à Hartley avec son ton ordinaire de politesse, quoiqu’il parût encore éprouver un grand embarras qu’il s’efforçait en vain de cacher.

— Mistress Witherington va mieux, dit-il, et sera contente de vous voir avant dîner. Vous dînez avec nous, j’espère ? »

Hartley s’inclina.

« Mistress Witherington est fort sujette à cette sorte d’attaque