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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/320

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Hartley, et il se rendit aussitôt dans son palanquin à l’endroit désigné.

Le tombeau de l’Owliah ou du saint mahométan Cara Razi était un lieu regardé avec beaucoup de vénération par tout bon musulman. Il était situé au milieu d’un bosquet de mangos et de tamariniers, et construit en pierres rouges, avec trois dômes et des minarets à chaque angle. Suivant la coutume, il y avait devant la façade une cour, le long des murs de laquelle se trouvaient des cellules bâties pour le logement des fakirs qui visitaient le tombeau par dévotion, et y faisaient une plus ou moins longue résidence, selon qu’ils le jugeaient convenable, subsistant des aumônes que les fidèles ne manquaient jamais de leur apporter en échange de leurs prières. Ces pieux personnages s’occupaient jour et nuit à lire des versets du Coran devant le sarcophage de marbre blanc, où étaient gravés des sentences tirées du livre du prophète et les divers titres donnés par le Coran à l’Être suprême. Un tel sépulcre, avec les personnes qui en dépendent (et il y en a un grand nombre), est toujours respecté pendant les guerres et les révolutions, et non moins par les Indous, et par les Féringis, (c’est-à-dire les Francs) que par les Mahométans eux-mêmes. Les fakirs, en retour, servent d’espions à tous les partis, et sont souvent employés dans des missions secrètes et importantes.

Se conformant à la coutume musulmane, notre ami Hartley quitta ses souliers à la porte de l’enceinte sacrée, et, pour éviter d’offenser les saints hommes en s’approchant du tombeau, il se dirigea vers le principal mullah ou prêtre, qui était reconnaissable à la longueur de sa barbe et à la grosseur des grains en bois du chapelet avec lequel les mahométans, comme les catholiques, tiennent registre de leurs prières. Un tel personnage, vénérable par son âge, par la sainteté de son caractère, et son mépris réel ou affecté pour les biens et les plaisirs de ce monde, est regardé comme le chef d’un établissement de ce genre.

Il est permis au mullah, par sa position, d’avoir plus de communications avec les étrangers que ses jeunes frères. Ceux-ci restèrent les yeux fixés sur le Coran, récitant les versets à voix basse, sans remarquer l’Européen, ni écouter ce qu’il disait, tandis que celui-ci s’enquérait de Barak el Hadgi auprès du supérieur.

Le mullah était assis par terre : il ne se leva point, ne rendit