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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/289

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lence, et ton âme sera innocente de tout mal envers ce pauvre garçon. » — Mais il répliqua : « Je ne souffrirai pas qu’on me contredise dans cette affaire. » Et il partit, et il n’est pas revenu, et je crains qu’il ne puisse jamais revenir ; car, quoiqu’il soit pacifique comme il convient à quiconque regarde toute violence comme une offense contre son âme, pourtant ni les flots de la mer, ni la crainte des pièges, ni l’épée nue que l’ennemi peut brandir sur son chemin, ne le détourneront de sa résolution. La Solway peut donc l’engloutir, elle glaive ennemi le percer. — Cependant mon espérance repose en celui qui dirige toute chose, qui dompte les vagues de l’Océan, qui déjoue les projets des méchants, et qui peut nous délivrer comme un oiseau du filet de l’oiseleur. »

Ce fut tout ce que Fairford put apprendre de miss Geddes : mais il l’entendit avec plaisir ajouter ensuite que le bon quaker, son frère, avait de nombreux amis dans le Cumberland, parmi les personnes de la même croyance religieuse ; et il se persuada que, sans courir autant de risques que semblait le redouter sa sœur, Josué serait à même de découvrir quelques traces de Darsie. Il retourna lui-même à Dumfries, après avoir laissé à miss Geddes son adresse en cette ville, en la priant avec instance de lui faire passer tous les renseignements qu’elle pourrait obtenir de son frère.

De retour à son hôtel, Fairford employa le peu d’instants qui lui restaient encore avant l’heure du dîner à écrire à M. Samuel Griffiths, par les mains de qui toutes les remises d’argent pour le service de son ami avaient été faites jusqu’à présent. Il exposa au banquier ce qui était arrivé à Darsie Latimer, et l’incertitude actuelle de sa position ; il lui demanda prompte communication de toutes les circonstances de l’histoire de son jeune ami qui pourraient le diriger, lui Alan Fairford, dans la poursuite qu’il allait entreprendre sur les frontières : il lui promit enfin de ne pas abandonner ces démarches avant d’avoir obtenu des nouvelles de son ami, mort ou vivant. Le jeune avocat se sentit plus à son aise après avoir terminé cette missive. Il ne pouvait aucunement concevoir pourquoi on en voulait à la vie de son ami ; il savait que Darsie n’avait rien fait qui pût autoriser à lui ravir légalement la liberté. Depuis peu d’années, de singulières histoires avaient bien couru dans le public, sur des hommes et des femmes qui avaient été enlevés de force, transportés dans des lieux soli-