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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/354

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équipés de bâts munis de chaînes pour suspendre les barils ce qui faisait un vacarme épouvantable.

« Qu’avez-vous donc, père Crackenthorp ? dit Ewart, — pourquoi arriver d’un pareil train avec vos chevaux ? — Nous avons le projet de passer une nuit chez vous, pour goûter votre vieille eau-de-vie et l’ale que brasse votre femme. Le signal a été aperçu, mon homme, et tout va bien.

— Tout va mal, capitaine Nanty, » s’écria l’homme auquel il parlait ; « et vous êtes en position de le reconnaître bientôt, à moins que vous ne décampiez, — il y a de nouveaux balais achetés hier à Carlisle pour balayer votre pays et celui de vos pareils ; — vous ferez donc mieux de vous sauver dans l’intérieur des terres.

— Et ces bandits de douaniers, combien sont-ils ? — s’ils ne sont pas plus de dix, je livrerai la bataille.

— Le diable vous emporte ! — ne vous battez pas, gardez-vous-en, car ils ont avec eux les dragons rouges de Carlisle.

— Oh ! alors il faut lever l’ancre. Allons, maître Fairford, il vous faut monter à cheval et galoper. — Il ne m’entend pas, — il s’est évanoui, je crois ; — que diable vais-je faire ? père Crackenthorp, je suis obligé de confier à vos soins ce jeune homme jusqu’à ce que la bourrasque soit passée. — Écoutez-moi, il porte la correspondance entre le laird et cet autre vieux ; il ne peut ni se tenir à cheval ni marcher, — je vais l’envoyer chez vous.

— C’est-à-dire l’envoyer à la potence ; il rencontrera là-haut le quartier-maître Twacker avec vingt hommes ; et s’il ne faisait pas la cour à Doll, je n’aurais jamais pu venir ici vous en prévenir ; — mais il vous faut déguerpir, sinon ils viendront vous surprendre, car ils ont des ordres diablement précis ; et ces barils contiennent chose pire de l’eau-de-vie, — matière à pendaison, j’en répondrais.

— Je voudrais qu’ils fussent au fond de la rivière de Wampool avec ceux à qui ils appartiennent. Mais ils font partie de la cargaison. Et que puis-je donc faire de ce pauvre jeune homme… ?

— Ma foi ! plus d’un meilleur garçon a dormi sur l’herbe avec un manteau sur le dos. S’il a la fièvre, rien n’est si rafraîchissant que l’air de la nuit.

— Oui, sans doute, il serait suffisamment rafraîchi demain au matin ; mais il a un bon cœur, et je ne le laisserai pas geler tant que je pourrai l’en empêcher.