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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/486

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— Comment ? — tous ? s’écria sir Richard Glendale, tous, sans exception ?

— Tous, sans une seule exception, répondit le général ; tels sont mes ordres. Si vous acceptez mes conditions, dites-le et hâtez-vous de partir, car il peut arriver des choses qui changeraient les bonnes dispositions de Sa Majesté à l’égard de toutes les personnes ici présentes.

— Les bonnes dispositions de Sa Majesté ! » s’écria Charles-Édouard ; « vous ai-je bien entendu, monsieur ?

— Je vais répéter les propres paroles du roi, celles qui sont sorties de sa bouche, répliqua le général : « Je veux, a dit Sa Majesté, mériter la confiance de mes sujets en me confiant sans réserve, à la fidélité des millions d’Anglais qui reconnaissent la validité de mes titres, — au bon sens et à la prudence des personnes peu nombreuses qui, par suite de leur éducation, continuent à nier mes droits. » — Sa Majesté ne croira même pas que les plus zélés jacobites qui restent encore peuvent concevoir l’idée d’exciter une guerre civile, qui serait fatale à leurs familles et à eux-mêmes, sans parler du sang versé et de la désolation qui se répandrait sur un pays paisible. Le roi ne peut même croire que son parent ose embarquer des hommes braves et généreux, quoique aveuglés, dans une entreprise qui doit ruiner ceux que les calamités précédentes ont épargnés ; il est convaincu que, si la curiosité, ou tout autre motif, poussait ce prince à visiter l’Angleterre, il reconnaîtrait bientôt qu’il n’a rien de mieux à faire qu’à retourner sur le continent. Dans tous les cas, Sa Majesté a trop de compassion pour son malheur pour susciter aucun obstacle à son départ.

— Est il vrai ? dit Redgauntlet ; pouvez-vous tenir un pareil langage ? — Suis-je moi aussi, comme tous ces messieurs, absolument libre de m’embarquer sur ce brick que je vois en ce moment se rapprocher du rivage ?

— Vous-même, monsieur, ainsi que chacun de ces messieurs ici présents, répliqua le général ; tous ceux enfin que le bâtiment pourra contenir sont libres de s’y embarquer : je ne m’y opposerai pas ; mais je ne conseille à personne de partir sans avoir de puissantes raisons autres que celle d’avoir fait partie de cette assemblée ; car on ne se rappellera à l’égard de personne le motif du rendez-vous.

— Alors, messieurs, » s’écria Redgauntlet en se tordant les mains pendant que ces paroles lui échappaient, « la cause est à jamais perdue ! »

Le général Campbell se tourna vers une fenêtre, comme pour éviter d’entendre ce qu’on disait. La délibération ne dura qu’un