Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mêmes. — Hereward, mon brave jeune homme, tu délires, et je pense que je ferais bien de te placer entre les mains de quelque médecin habile. Trop de hardiesse, mon valeureux soldat, ressemble à de la témérité. Il était naturel que tu ressentisses une juste fierté de la situation où tu te trouvais tout à l’heure ; cependant, si tu en conçois de la vanité, il ne pourra en résulter que de la folie. Comment ? Tu as regardé hardiment en face une princesse née dans la pourpre, en présence de qui mes propres yeux, quoique habitués à un semblable spectacle, ne se sont jamais élevés au delà du bas de son voile. — Cela peut être, au nom du ciel ! Cependant les belles figures sont faites pour être regardées, et les yeux des jeunes hommes pour les voir. — Si c’est là leur destination, les tiens, je le suppose hardiment, n’ont jamais trouvé une plus belle apologie pour la licence que tu as prise en regardant ce soir la princesse. — Brave chef ou suivant, quel que soit le titre que vous préférez, ne poussez pas à bout un homme franc, qui désire remplir son devoir en tout honneur pour la famille impériale. La princesse, femme du césar, et née, dites-vous, couleur de pourpre, n’en est pas moins douée aujourd’hui de la physionomie d’une très jolie femme. Elle a composé une histoire sur laquelle je n’ai pas la prétention de former un jugement, puisque je ne puis pas la comprendre ; elle chante comme un ange ; et pour conclure à la manière des chevaliers d’aujourd’hui, quoique je ne me serve pas habituellement de leur langage… je dirai de grand cœur que je suis prêt à entrer en lice contre quiconque osera mal parler de la beauté de la personne impériale d’Anne Comnène et des vertus de son âme. Ceci une fois déclaré, mon noble capitaine, nous avons dit tout ce qu’il vous appartient à vous de demander, et à moi de répondre. Qu’il y ait des femmes plus belles que la princesse, c’est ce qui ne souffre pas de doute, et j’en forme d’autant moins à cet égard, que j’ai moi-même vu une personne très supérieure ; et sur ce, terminons notre dialogue. — Ta beauté, à toi, fou sans pareil, dit Achille, doit être la fille de quelque rustaud du Nord, aux larges épaules, demeurant porte à porte avec celui qui a engendré un âne de ton espèce, maudit du ciel qui lui a refusé tout discernement. — Vous pouvez dire ce qu’il vous plaira, capitaine, car il vaut mieux pour tous deux que vous ne puissiez m’offenser sur un pareil sujet, moi qui fais aussi peu de cas de votre jugement que vous pouvez en faire du mien. Vous ne pouvez dire d’ailleurs aucun mal d’une personne que vous n’avez jamais vue, sans cela je n’aurais peut-être pas supporté aussi