Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aventures que le devoir des chevaliers errants est de chercher en aussi grand nombre que possible. «

À ces mots il s’assit à côté du vieillard ; et son épouse, avec un respect qui avait en soi quelque chose de plaisant, suivit son exemple.

« Voilà une bonne trouvaille, Brenhilda, continua le comte Robert ; notre ange gardien a soigneusement veillé sur nous. Nous étions venus ici parmi un tas de sots pédants, babillant dans une langue absurde, et attachant plus d’importance au moindre regard d’un empereur poltron qu’au meilleur coup que peut frapper un brave chevalier. J’étais tenté de croire que nous avions mal fait de prendre la croix… Dieu me pardonne cette pensée impie ! Voilà cependant qu’au moment où nous désespérions de trouver un chemin qui nous conduisît à la renommée, nous avons rencontré un de ces excellents hommes que les chevaliers d’autrefois trouvaient assis auprès des fontaines, des croix et des autels, toujours disposés à envoyer le chevalier errant là où il y avait de la gloire à gagner. Ne le trouble pas, ma Brenhilda ; laisse-le se rappeler ses histoires des anciens temps, et tu vas voir qu’il nous enrichira du trésor de ses connaissances. — Si j’ai attendu, » dit Agelastès après quelques instants de silence, « au delà du terme que la plupart des hommes ont à passer en ce monde, j’en serai plus que récompensé en consacrant ce qui me reste d’existence au service d’un couple aussi dévoué à la chevalerie. La première histoire qui me vient à l’esprit se passe dans notre Grèce, si fertile en aventures, et je vais vous la conter en peu de mots.

« Bien loin d’ici, dans notre fameux archipel grec, au milieu de tempêtes et d’ouragans, de rochers, qui, contrairement à leur nature, semblent se précipiter les uns sur les autres, et de flots qui ne restent jamais en repos, se trouve l’île opulente de Zulichium, occupée seulement, malgré sa richesse, par un très petit nombre d’habitants qui ne demeurent que sur les bords de la mer. L’intérieur de l’île est une immense montagne, ou plutôt une pile de montagnes, au milieu desquelles ceux qui osent approcher assez près peuvent, assure-t-on, découvrir les tours couvertes de mousse et les pinacles antiques d’un château superbe, mais en ruines ; c’est l’habitation de la souveraine de l’Île qui est retenue là par un enchantement depuis un grand nombre d’années.

« Un hardi chevalier qui allait en pèlerinage à Jérusalem fit vœu de délivrer cette malheureuse victime de la douleur et de la magie,