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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/228

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son mari et de sa détention dans le palais, et elle avait exercé quelques actes de violence sur les esclaves du harem, dont on prétendait qu’elle en avait tué plusieurs, quoiqu’il eût été plus juste de dire fortement effrayé. Elle me reconnut de suite, et lorsque je lui dis que je venais lui offrir de se retirer pour un jour dans votre maison, jusqu’à ce qu’il fût en votre pouvoir d’effectuer la délivrance de son mari, elle y consentit sur-le-champ, et je l’ai amenée dans le pavillon secret du jardin de Cythère. — Admirablement conduit, mon fidèle Diogène. Tu es comme ces génies qu’on faisait agir au moyen des talismans orientaux ; je n’ai qu’à t’instruire de ma volonté, et elle est accomplie. »

Diogène s’inclina profondément et se retira.

« Cependant rappelle-toi, esclave, » continua Agelastès se parlant à lui-même, « qu’il y a du danger à en savoir trop long… et que si ma réputation venait jamais à être attaquée, un trop grand nombre de mes secrets sont entre les mains de Diogène. »

En ce moment un coup trois fois répété et frappé sur l’une des statues qui avait été construite de manière à résonner comme une cloche, et qui sous ce rapport avait le don de la voix, interrompit son soliloque.

« Voici un de nos associés qui frappe, dit-il ; qui donc peut frapper si tard ? » Il toucha la figure d’Isis avec son bâton, et le césar Nicéphore Brienne entra entièrement vêtu à la grecque, costume gracieux qu’il avait apporté un grand soin à disposer de la manière la plus avantageuse.

« Permettez-moi d’espérer, prince, » dit Agelastès, recevant le césar avec un visage grave et réservé, » que Votre Altesse vient m’informer qu’elle a changé d’avis en y réfléchissant ; et que, quel que soit le sujet de l’entretien que vous désirez avoir avec cette dame, vous le différerez du moins jusqu’à ce que la partie principale de notre conspiration ait été exécutée avec succès. — Non, digne philosophe, non, répondit le césar. Ma résolution une fois prise n’est pas le jouet des circonstances. Crois-moi, lorsque je te dis que je n’ai pas mis à fin tant de travaux, sans être prêt à en entreprendre d’autres. Les faveurs de Vénus sont la récompense des fatigues de Mars, et je ne croirais pas qu’il valût la peine de rendre un culte au dieu des batailles avec les dangers attachés à son service, si je n’avais auparavant obtenu quelque preuve éclatante que j’ai été couronné du myrte, symbole de la faveur de sa belle maîtresse. — Je vous demande pardon de ma hardiesse ; mais Votre Altesse im-