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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/297

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venait avant qu’elle touchât terre, le prince d’Otrante avait ordre d’allumer des feux qui, dans le cas où les Grecs leur opposeraient quelque résistance, devaient être arrangés d’une manière particulière, pour donner le signal du danger.

Godefroy expliqua alors aux autorités grecques de Scutari, qu’il manda en sa présence, la nécessité où il se trouvait de tenir les vaisseaux dont ils pouvaient disposer prêts à transporter, en cas de besoin, une forte division de son armée en Europe pour soutenir ceux qui étaient déjà partis. Il retourna ensuite au camp, dont les murmures confus, rendus encore plus bruyants par de nombreuses discussions sur les événements de la journée, planant au dessus de la nombreuse armée des croisés, se mêlaient au bruit sourd de l’Hellespont aux mille vagues.


CHAPITRE XXIV.

LA CONFESSION.


Tout est préparé… les voûtes de la mine sont remplies de poudre : tant que la flamme ne l’a point encore approchée, elle demeure innocente comme du sable noir ; mais elle n’a besoin que d’une étincelle pour changer de nature, au point qu’elle est également redoutée, et de celui qui la réveille de son sommeil, et de celui qui sait que sa tour doit en ressentir les terribles effets.
Anonyme.


Lorsque le ciel s’obscurcit soudain et que l’atmosphère devient étouffante, les classes inférieures de la création manifestent un sinistre pressentiment de la tempête prochaine. Les oiseaux fuient vers les bosquets, les bêtes féroces regagnent leurs profondes retraites, et les animaux domestiques montrent leur appréhension par des actions et des mouvements bizarres empreints de crainte et de trouble.

Il semble que la nature humaine, quand ses facultés originaires sont soignées et cultivées, possède dans les mêmes occasions quelque chose de cette infaillible prescience qui annonce aux animaux l’approche de la tempête. La culture de nos moyens intellectuels est peut-être poussée trop loin, lorsqu’elle détruit entièrement ces sentiments naturels, placés en nous par la nature comme des sentinelles pour nous avertir des dangers qui nous menacent.