Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXVI.

LA CONSULTATION.


Voulez-vous écouter l’histoire d’une Espagnole qui épousa un Anglais ? Ses vêtements, aussi riches que possible, étaient couverts de diamants. Elle était jolie et pleine de grâce ; elle avait une haute naissance et d’illustres parents.
Ancienne ballade.


Nous avons quitté Alexis Comnène après qu’il eut déchargé sa conscience dans l’oreille du patriarche, et reçu de lui l’assurance positive du pardon et du soutien de l’Église. Il prit congé du prélat avec certaines exclamations de triomphe, mais si obscures qu’il n’était nullement aisé de comprendre ce qu’il disait. Son premier soin en arrivant au palais de Blaquernal fut de demander sa fille. On lui répondit qu’elle était dans la chambre incrustée de marbre magnifiquement sculpté, d’où Anne elle-même, ainsi que plusieurs membres de la même famille, tirèrent le noble surnom de Porphyrogénète, c’est-à-dire né dans la pourpre. Anne avait le front obscurci par l’inquiétude, et à la vue de son père, elle se livra sans retenue à une douleur inexprimable,

« Ma fille, » dit l’empereur avec une dureté qui lui était peu ordinaire et un ton sérieux qu’il garda sévèrement au lieu de sympathiser avec l’affliction de la princesse, « si vous voulez empêcher le fou stupide auquel vous êtes unie de se montrer en public ingrat et traître, vous l’exhorterez à demander pardon avec la soumission convenable en faisant l’aveu complet de ses fautes, ou sinon, par mon sceptre et ma couronne ! il mourra de mort violente, et je n’épargnerai aucun de ceux qui ne craignent pas de me défier ouvertement sous cet étendard de rébellion que mon gendre ingrat a déployé. — Qu’exigez-vous donc de moi, mon père ? dit la princesse. Pouvez-vous espérer que je trempe mes mains dans le sang de ce malheureux ; ou voulez-vous une vengeance encore plus sanglante que celle qu’exerçaient les dieux de l’antiquité sur les criminels qui offensaient leur pouvoir divin ? — Ne pensez pas ainsi, ma fille, mais croyez plutôt que mon affection paternelle vous offre une dernière occasion de sauver, peut-être de la mort, cet insensé, votre mari, qui l’a si parfaitement méritée. — Mon père, Dieu sait que je ne voudrais pas vous exposer au moindre péril pour racheter la vie de Nicéphore ; mais il a été le père de mes enfants, quoiqu’ils