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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/357

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de l’empereur ; et lorsque celui-ci eut répondu « Entrez ! » le protospathaire se présenta. Il portait une armure splendide à la mode des anciens Romains. Son casque sans visière laissait voir ses traits, et sa physionomie pâle, inquiète, n’était pas en parfaite harmonie avec le cimier martial et la plume ondoyante qui décorait le casque. Il reçut la commission dont nous avons déjà parlé, avec d’autant moins d’empressement que l’Acolouthos lui était adjoint pour collègue ; car, comme le lecteur peut l’avoir remarqué, ces deux officiers avaient des partis différents dans l’armée, et ils vivaient en mauvaise intelligence. L’Acolouthos ne regarda pas non plus le fait de l’adjonction du protospathaire comme une preuve de la confiance de l’empereur, ou comme un gage de sa propre sûreté ; mais il était dans Blaquernal où les esclaves de l’intérieur n’hésitaient jamais, dès qu’ils en recevaient l’ordre, à exécuter un officier de la cour. Les deux généraux n’avaient donc pas d’autre alternative que celle qu’on laisse à deux lévriers qui sont malgré eux accouplés ensemble. L’espérance d’Achille Tatius était de pouvoir s’acquitter en sûreté de sa mission auprès de Tancrède, après quoi il pensait que l’explosion de la conspiration pourrait avoir lieu et suivre heureusement son cours, soit qu’elle fût appuyée et désirée par les Latins, soit comme une chose dans laquelle ils resteraient tout-à-fait indifférents.

La dernière injonction de l’empereur fut de monter à cheval au premier son de la grande trompette varangienne, de se mettre à la tête de ces Anglo-Saxons dans la cour de leur caserne, et d’attendre des ordres ultérieurs.

Il y avait quelque chose dans cet arrangement qui pesait sur la conscience d’Achille Tatius ; cependant il ne savait comment justifier les craintes qu’il concevait pour lui-même, autrement que par le sentiment de ses crimes. Il sentait néanmoins que, en le retenant sous prétexte d’une honorable mission à la tête des Varangiens, on lui ôtait la liberté de disposer de lui-même ; il avait espéré pouvoir communiquer avec le césar et Hereward qu’il regardait comme ses actifs complices, ne sachant pas que le premier était en ce moment prisonnier dans Blaquernal où Alexis l’avait arrêté dans les appartements de l’impératrice, et que le second était le plus fort soutien de Comnène dans ce jour fertile en événements. Quand la gigantesque trompette des gardes varangiennes fit entendre son bruyant signal dans toute la ville, le protospathaire entraîna Achille au rendez-vous des Varangiens, et lui dit, chemin