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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/358

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faisant, du ton aisé de l’indifférence : « Comme l’empereur exerce aujourd’hui ses droits en personne, vous ne pourrez par conséquent, vous, son représentant, son Acolouthos, donner aucun ordre à la garde, à moins que Sa Majesté elle-même ne vous en transmette, de sorte que vous regarderez votre autorité comme suspendue pour aujourd’hui. — Je regrette, répondit Achille, que l’empereur ait semblé avoir des motifs pour prendre de telles précautions ; J’avais espéré que ma bonne foi et ma fidélité… mais… je dois obéir en toutes choses au bon plaisir de l’empereur… — Tels sont ses ordres, répliqua le protospathaire, et vous savez sous quelle peine on exige l’obéissance. — Si je ne le savais pas, la composition de cette garde me l’apprendrait, puisqu’elle renferme non seulement une grande partie de ces Varangiens qui sont les défenseurs immédiats du trône de l’empereur, mais aussi les esclaves du palais, exécuteurs de ses volontés. "

Le protospathaire ne répliqua point, tandis que plus l’Acolouthos examinait attentivement la troupe qui suivait, montant au nombre peu ordinaire de trois mille hommes, plus il avait raison de croire qu’il devait s’estimer heureux si, par l’intervention du césar, d’Agelastès ou d’Hereward, on pouvait avertir les conspirateurs de retarder l’explosion projetée, contre laquelle l’empereur semblait s’être prémuni avec une rare circonspection. Il aurait donné tout ces rêves d’empire dont il s’était bercé encore si récemment, seulement pour apercevoir le panache d’azur de Nicéphore, le manteau blanc du philosophe, ou même la hache luisante d’Hereward. Mais ces objets, il ne les voyait nulle part, et le perfide chef des Varangiens s’aperçut, à son grand déplaisir, qu’aussitôt qu’il tournait les yeux d’un côté, ceux du protospathaire, et surtout des inflexibles esclaves du palais, semblaient épier ce qu’il cherchait.

Parmi les nombreux soldats qu’il voyait de tout côté, ses yeux ne reconnaissaient pas uns eul homme avec lequel il pût échanger un regard ami ou confidentiel, et il demeurait dans cette agonie de terreur qui est d’autant plus accablante que le traître sent qu’entouré de divers ennemis, ce sont ses propres craintes qui le trahiront. Intérieurement et à mesure que le danger semblait accroître, et que son imagination alarmée découvrait de nouveaux motifs de crainte, il arrivait à conclure qu’un des trois principaux conspirateurs, ou du moins quelque subalterne, s’était rendu délateur, et il ne savait s’il ne devait pas obtenir son pardon en se jetant aux pieds de l’empereur, et en lui avouant tout. Mais la crainte de trop se hâter en