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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/370

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gne chevalier de grande renommée, compagnon des pèlerins qui ont pris la croix pour arracher la Palestine aux infidèles. Le nom dudit chevalier est le redoutable Robert de Paris. Il convenait donc, et c’était une obligation indispensable pour les saints pèlerins de la croisade, d’envoyer un de leurs chefs, avec un nombre d’hommes d’armes suffisant, pour veiller, suivant l’usage, à ce qu’il y ait justice entre les combattants. Telle est leur intention, et on peut en être convaincu, puisqu’ils n’ont envoyé que cinquante lances avec leur suite accoutumée, tandis qu’il ne leur aurait été nullement difficile d’envoyer un détachement dix fois plus considérable s’ils avaient songé à intervenir de force ou à troubler le combat à armes égales qui va se livrer. Le prince d’Otrante et ses camarades se mettront donc à la disposition de la cour impériale, et seront spectateurs de ce combat avec la plus parfaite confiance que les règles de la justice seront ponctuellement observées. »

Les deux officiers grecs transmirent cette réponse à l’empereur, qui l’écouta avec plaisir, et agissant aussitôt d’après le principe qu’il s’était proposé, de maintenir la paix avec les croisés, il nomma le prince Tancrède et le protospathaire maréchaux de la lice, leur confiant plein pouvoir, sous l’empereur, d’établir toutes les conditions du combat, et d’en référer à Alexis lui-même quand ils ne se trouveraient pas d’accord. On fit connaître cet arrangement au public, qui fut ainsi préparé à voir l’officier grec et le prince italien entrer armés de pied en cap dans la lice, tandis qu’une proclamation solennelle annonçait à tous les spectateurs leurs solennelles fonctions. Ordre fut en même temps donné aux assistants de toute espèce d’évacuer une partie des gradins qui entouraient la lice d’un côté, afin de faire place aux compagnons du prince Tancrède.

Achille Tatius, observateur attentif de tout ce qui se passait, vit avec alarme que, par cette dernière disposition, les Latins armés se trouvaient placés entre les immortels et les citoyens mécontents : ce qui rendait fort probable que la conspiration était découverte et qu’Alexis pensait avoir bonne raison de compter sur l’assistance de Tancrède pour la réprimer. Ce fait, joint à la manière froide et caustique dont l’empereur lui avait donné ses ordres, fit penser à l’Acolouthos que la meilleure chance de sortir du danger dans lequel il se trouvait était que toute la conspiration en restât là et que la journée se passât sans la moindre tentative contre le trône d’Alexis Comnène ; et même alors il était fort douteux qu’un despote si rusé et si soupçonneux que l’empereur voulût bien se contenter