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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/385

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comme jongleur tout Franc qui aurait l’esprit assez bas pour chercher à gagner son pain de cette manière, grâce aux aumônes de la chevalerie affamée d’Europe. Mais pour descendre jusqu’à envier le sort d’un pareil individu, il ne faut pas être un de ces hommes que leurs distinctions personnelles suffisent pour élever au premier rang parmi tous les favoris de l’amphithéâtre. »

Il y avait dans ce raisonnement sophistique quelque chose qui n’était qu’à demi satisfaisant pour l’intelligence bornée de l’athlète auquel il s’adressait, quoique la seule réponse qu’il essaya de faire se bornât à cette observation :

« Oui ; mais, noble centurion, vous oubliez qu’outre de vains honneurs il a été promis à ce Varangien Hereward, ou Édouard, peu importe son nom, un présent considérable en or. — Oh ! cette fois vous avez raison, répondit le centurion ; et quand vous me direz que la promesse a été remplie, j’avouerai très volontiers que l’Anglo-Saxon a obtenu là quelque chose digne d’envie ; mais tant que ce ne sera qu’une simple promesse, vous m’excuserez, mon cher Stéphanos, si je n’en fais point plus de cas que de celles qu’on nous fait chaque jour ainsi qu’aux Varangiens, promesses qui nous montrent dans l’avenir des monceaux d’argent que nous recevrons probablement en même temps que la neige de l’année dernière. Armez-vous donc de courage, noble Stéphanos, et ne croyez pas que vos affaires soient devenues pires à cause de l’échec d’aujourd’hui ; que votre cœur ne se laisse pas abattre ; mais, sans perdre de vue les principes qui l’ont enflammé, croyez que vos projets n’en sont pas moins sûrs parce que le sort a renvoyé leur accomplissement à un jour plus éloigné. » C’était ainsi qu’en conspirateur adroit et infatigable, Harpax rassurait pour quelque renouvellement futur l’esprit chancelant de Stéphanos.

Les chefs qui avaient été désignés par l’empereur se réunirent ensuite pour le repas du soir ; et au contentement général, à la bienveillance que témoigna Alexis à ses hôtes de tout rang, on ne se serait guère douté que le jour qui venait de s’écouler avait été d’abord désigné pour l’exécution d’un projet si terrible et si criminel.

L’absence de la comtesse Brenhilda, pendant cette journée si remplie, ne causa pas peu de surprise à l’empereur et à ceux qui jouissaient de sa confiance intime ; car on connaissait le caractère entreprenant de cette dame et l’intérêt qu’elle devait prendre à l’issue du combat. Bertha avait de bonne heure communiqué au