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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/61

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l’estrade, et de se tenir moitié debout, moitié agenouillés en écoutant la princesse. Trois autres sièges de différentes hauteurs étaient placés sur la même estrade et sous le dais d’apparat qui se trouvait au dessus de la princesse Anne.

Celui qui était placé à côté et à la hauteur du sien, et qui lui ressemblait exactement pour la forme, était destiné à son époux, Nicéphore Brienne. Ce prince professait, disait-on, le plus grand respect pour l’érudition de sa femme, bien que les courtisans prétendissent qu’il s’absentait plus souvent de ces soirées que ne l’auraient souhaité la princesse et ses augustes parents. On pouvait croire, d’après les caquets de la cour, que la princesse Anne était plus belle, plus séduisante quand elle songeait moins à paraître savante, et que, bien qu’elle fût encore une très gracieuse femme, elle n’avait pas enrichi son esprit sans perdre quelques uns de ses charmes. Mais ces sortes de propos ne se tenaient que dans le plus grand secret.

Les chambellans avaient eu soin de placer le siège de Nicéphore Brienne aussi près que possible de celui de la princesse, de manière qu’elle pût ne pas perdre un regard de son bel époux ; et que lui, à son tour, ne perdît pas le moindre mot de la sagesse qui pourrait découler des lèvres de sa studieuse épouse.

Deux autres sièges d’honneur, ou, pour mieux dire, deux trônes (car chacun d’eux avait un marchepied, des bras pour soutenir les coudes et des coussins brodés pour s’appuyer, sans parler du dais magnifique qui les surmontait), deux trônes, dis-je, étaient destinés à l’empereur et à l’impératrice. Tous deux se plaisaient à assister fréquemment aux études de leur fille. Dans ces réunions, l’impératrice Irène jouissait du triomphe qui appartient à la mère d’une fille accomplie, tandis qu’Alexis, suivant les diverses émotions qu’il éprouvait, tantôt écoutait avec complaisance le récit de ses propres exploits, écrit dans le style ampoulé de la princesse, et tantôt faisait des signes de satisfaction au patriarche Zozime et aux autres sages, quand sa fille récitait des dialogues sur les mystères de la philosophie.

Ces places d’honneur, destinées aux membres de la famille impériale, étaient occupées au moment dont nous parlons, à l’exception du siège de Nicéphore Brienne. C’était peut-être cette négligence et l’absence de son noble époux qui couvraient d’un nuage le front de la belle historienne. Derrière elle, sur l’estrade, étaient deux femmes esclaves de sa suite, vêtues de robes blanches ; elles étaient