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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/81

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ce que l’on pouvait appeler la déroute de l’arrière-garde, aperçurent les Syriens poursuivis du sommet des collines, accablés par le nombre, tués ou faits prisonniers par les bandes barbares des musulmans.

« Son altesse impériale considéra le combat pendant quelques minutes, et, très émue de ce qu’elle voyait, fut un peu prompte à donner ordre aux Varangiens de reprendre leurs armes, et de précipiter leur marche vers Laodicée ; sur quoi l’un de ces soldats du Nord dit hardiment, en opposition aux ordres de l’empereur : « Si nous entreprenons de descendre à la hâte cette colline, la confusion se mettra dans notre arrière-garde, non seulement à cause de notre précipitation, mais encore à cause de ces chiens de Syriens, qui, dans leur fuite à toutes jambes, ne manqueront pas de se mêler dans nos rangs. Que deux cents Varangiens, prêts à mourir pour l’honneur de l’Angleterre, demeurent avec moi dans la gorge même de ce défilé, tandis que le reste escortera l’empereur jusqu’à cette ville que vous appelez Laodicée, ou je ne sais comment. Nous pouvons succomber, mais nous mourrons en faisant notre devoir ; et je ne doute pas que nous n’offrions à ces limiers glapissants un déjeuner qui détournera leur appétit de rechercher aucun autre festin pour le reste de la journée. »

« Mon illustre père découvrit au premier coup d’œil l’importance de cet avis, quoiqu’il pleurât d’attendrissement en voyant avec quelle intrépide fidélité ces pauvres barbares se pressaient pour compléter le nombre de ceux qui devaient entreprendre cette affaire désespérée. Avec quelle bonté d’âme ils prirent congé de leurs camarades, et avec quels cris de joie ils suivaient leur souverain des yeux, tandis qu’il poursuivait sa marche vers le bas de la colline, les laissant derrière lui pour résister et périr ! Les yeux de l’empereur étaient remplis de larmes ; et je ne rougis point d’avouer que, dans la terreur du moment, l’impératrice et moi-même nous oubliâmes notre rang, en accordant un semblable tribut de regrets à ces hommes courageux et dévoués.

« Nous laissâmes leur chef disposant avec soin cette poignée de ses camarades pour la défense du défilé ; leur centre occupait le milieu du passage, tandis que leurs ailes étaient rangées de chaque côté, de manière à agir sur les flancs de l’ennemi s’il avait l’audace de se précipiter sur ceux qui se présentaient pour lui barrer le passage. Nous n’étions pas à moitié chemin de la plaine, que nous entendîmes des acclamations terribles, où les hurlements des Arabes