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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/96

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de la tempête. Mais le second ouragan, qui suit de si près le premier, apporte une nouvelle irruption de ces nations occidentales, plus formidable qu’aucune de celles que nous ou nos pères ayons jamais vue. Elle n’est point faite par les ignorants et les fanatiques… ni par les classes nécessiteuses et imprévoyantes. Aujourd’hui… tout ce que la vaste Europe renferme de sage et d’estimable, de brave et de noble, est lié par les vœux les plus sacrés à l’exécution de ce même dessein. — Et quel est ce dessein ? parlez clairement, » dit vivement Alexis. « La destruction de tout notre empire romain, et la disparition du nom de son chef de la liste des princes de la terre, sur lesquels il a long-temps dominé, peut seule offrir un motif suffisant pour la formation d’une ligue telle que vos discours la font supposer. — On ne fait point l’aveu d’un tel projet, reprit Nicéphore ; et tous ces princes, ces sages et ces grands hommes d’état n’ont point d’autre vue que ce dessein extravagant annoncé par la multitude grossière qui a paru la première dans ces contrées. Voici, très gracieux empereur, un rouleau de parchemin sur lequel vous trouverez couchée la liste des diverses armées qui, par différentes routes, approchent du voisinage de l’empire. Voyez, Hugues de Vermandois, appelé pour son mérite Hugues le Grand, a fait voile des côtes d’Italie. Vingt chevaliers ont déjà annoncé son arrivée ; couverts d’une armure d’acier, incrustée d’or, ils apportent cet orgueilleux message : Que l’empereur des Grecs et ses lieutenants aient pour entendu que Hugues, comte de Vermandois, approche de ses territoires. Il est frère du roi des rois, c’est-à-dire du roi de France, et il est accompagné de la fleur de la noblesse française. Il porte la bannière sacrée de saint Pierre, confiée à ses mains victorieuses par le vénérable successeur de l’apôtre, et te prévient de tout cela, afin que tu lui prépares une réception digne de lui. — Voilà des phrases bien ronflantes, dit l’empereur ; mais le vent qui siffle le plus fort n’est pas toujours le plus dangereux pour le navire. Nous connaissons quelque chose de cette nation française, et nous en avons entendu dire davantage. Ils sont au moins aussi fanfarons qu’ils sont vaillants ; nous flatterons leur vanité jusqu’à ce que nous trouvions le temps et l’opportunité d’une défense plus efficace. Certes, si les paroles peuvent payer les dettes, il n’y a point à craindre que notre échiquier devienne insolvable. Qu’est-ce qui vient après, Nicéphore ? une liste, je suppose, des guerriers de cet illustre comte ? — Non, mon souverain ; autant Votre Altesse impériale voit de chefs indépendants sur cette liste, autant