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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/118

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recours alternativement à sa tabatière et à son mouchoir, ma maison est assez grande ; si vous voulez y accepter un lit tant que miss Bertram l’honorera de sa présence, je me tiendrai très heureux d’y recevoir un homme de votre mérite et de votre fidélité. » Alors, avec une délicatesse qui avait pour objet de rassurer miss Bertram sur l’indiscrétion qu’elle aurait pu craindre de commettre en amenant avec elle cette suite inattendue, il ajouta : « Mes affaires demandent souvent un meilleur arithméticien que mes clercs ne le sont, et je serais charmé d’avoir recours à votre aide pour cette besogne pendant quelque temps. — Assurément, assurément, dit vivement Sampson, je connais la tenue des livres en parties doubles, et selon la méthode italienne. »

Notre postillon était entré dans le salon pour annoncer que la chaise et les chevaux étaient prêts. Il avait été témoin de cette scène extraordinaire, sans qu’on prît garde à lui, et, de retour chez mistress Mac-Candlish, il jura que c’était la chose la plus touchante qu’il eût jamais vue ; la mort de la vieille jument grise, pauvre bête ! n’était rien auprès de cela. Cette circonstance insignifiante eut dans la suite des conséquences de la plus grande importance pour Dominie.

Les visiteurs furent reçus avec une bienveillante hospitalité par mistress Mac-Morlan. Son mari lui annonça, à elle et à d’autres personnes, qu’il avait prié Dominie Sampson de l’aider à débrouiller quelques comptes un peu difficiles, et qu’il devait pendant ce temps résider dans sa maison, pour rendre cette occupation plus commode. La connaissance que M. Mac-Morlan avait du monde le porta à se servir de ce prétexte, sachant fort bien que quelque honorable que fût pour Dominie lui-même et pour la famille d’Ellangowan son inviolable attachement à miss Lucy, son extérieur désagréable ne le rendait pas propre à être l’écuyer d’une jeune demoiselle de dix-sept ans, et qu’ils seraient tous deux exposés au ridicule.

Dominie Sampson s’acquittait avec un grand zèle de tous les travaux que M. Mac-Morlan lui confiait ; mais on observa bientôt qu’à une certaine heure, après le déjeuner, il disparaissait et ne revenait qu’au moment du dîner. Le soir il s’occupait de sa besogne. Le dimanche il se présenta devant Mac-Morlan avec un air de triomphe, et mit sur la table deux pièces d’or. « Pourquoi cela, Dominie ? dit Mac-Morlan. — D’abord, c’est pour vous indemniser des dépenses faites pour mon compte, mon digne monsieur. Et, la balance établie, le reste sera pour l’usage de miss