Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien… j’étais sûre d’avance que c’était impossible. Oh ! soyez encore plus innocent ; rompez tout lien qui vous unit à ce sombre et ambitieux soldat ! abandonnez-le, lui et ses projets, qui sont tous conçus avec injustice, et qu’on ne peut exécuter qu’en répandant encore plus de sang. — Croyez-m’en, répondit Éverard, j’ai choisi la ligne politique qui convient le mieux au temps actuel. — Choisissez plutôt, Markham, celle qui convient le mieux au devoir… le mieux à la vérité et à l’honneur. Faites votre devoir, et abandonnez le reste aux soins de la Providence… Adieu ! ne poussez pas trop loin la patience de mon père… Vous connaissez son caractère… Adieu, Markham. »

Elle lui tendit la main, qu’il pressa sur ses lèvres, et sortit de l’appartement. Un salut silencieux à son oncle, et un signe à Wildrake, qu’il trouva dans la cuisine de la chaumière, furent les seuls indices qui prouvèrent qu’il les reconnaissait ; et quittant la chaumière, il fut bientôt à cheval, et se hâta, avec son compagnon, de retourner à la Loge.


CHAPITRE XIV.

LA RENCONTRE.


Des crimes se commettent sur la terre ; les auteurs en sont punis avant que la terre se referme sur eux. Que ce soit l’ouvrage d’une imagination torturée par les remords, ou la vision réelle et distincte d’un être surnaturel, n’importe ! tous les siècles témoignent que devant la couche du barbare homicide se promène souvent celui qu’il a tué, en montrant sa noire blessure.
Vieille Pièce.


Éverard était venu à la hutte de Jocelin aussi vite que son cheval avait pu l’y mener. Il ne voyait pas de choix dans ce qu’il avait à faire ; et intérieurement, il se croyait autorisé à adresser des avis, même des reproches à sa cousine, toute chère qu’elle lui fût, relativement aux dangereuses machinations auxquelles elle semblait avoir pris part. Il s’en revint plus lentement et avec des idées bien différentes. Non seulement Alice, aussi prudente que belle, lui avait paru complètement étrangère à cette faiblesse de conduite qui semblait lui donner de l’autorité sur elle, mais encore ses vues en politique, moins faciles sans doute à exécuter, étaient du moins plus droites et plus nobles que les siennes ; si bien qu’il commença