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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/408

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tesse pour me dire qui ou quoi l’on a reçu ici contrairement à mes ordres généraux ? — Personne, mon père. Seulement un enfant a apporté un message, et j’ai peur qu’il ne soit alarmant. — La seule chose à craindre, monsieur, » dit Albert en s’avançant, « c’est qu’au lieu de pouvoir rester avec vous jusqu’au jour, il ne nous faille nous dire adieu cette nuit. — Non, mon frère ; il vous faut rester ici et nous aider à défendre le château. Si vous partez tous deux, vous et maître Kerneguy, on se mettra aussitôt à votre poursuite, et ce ne sera pas sans résultat fâcheux ; tandis que si vous restez, les asiles secrets de cette maison vous pourront soustraire quelque temps aux recherches. Vous pourrez aussi changer d’habits avec Kerneguy. — Tu as raison, ma sœur, lui répondit Albert ; projet excellent !… Oui, Louis, je reste comme Kerneguy ; et vous, fuyez, comme le jeune maître Lee. — Je ne vois pas que ce soit bien juste, » répliqua Charles aussitôt.

« Ni moi non plus, » dit le chevalier interrompant ; « on va, on vient, on forme des projets, on en change dans ma maison, sans daigner me consulter ! Et, qui est ce maître Kerneguy, ou qu’est-il à mes yeux, pour que mon fils reste et s’expose, tandis que notre page écossais s’échappera sous ses vêtements ! Je ne laisserai pas exécuter un tel projet, quand ce serait la plus belle toile d’araignée qui se fila jamais dans le cerveau du docteur Rochecliffe. Je ne vous veux point de mal, Louis, vous êtes un aimable garçon ; mais, l’ami, on m’a traité un peu légèrement dans toute cette affaire. — J’abonde pleinement dans votre sens, sir Henri. Oui, on vous a récompensé de votre hospitalité en vous jugeant indigne d’une confiance qui pourtant ne put jamais être mieux placée. Mais le moment est arrivé où je dois vous dire, d’un mot, que je suis le malheureux Charles Stuart, dont le destin a voulu qu’il causât la ruine de ses meilleurs amis, et dont la présence actuelle au sein de votre famille menace de vous perdre, vous et tout ce qui vous est cher. — Maître Louis Kerneguy, répliqua le chevalier, je vous apprendrai à mieux choisir vos sujets de plaitanterie quand c’est à moi que vous en adressez ; et vraiment la moindre provocation me donnerait envie de vous tirer une ou deux onces de sang pour vous engager à être plus honnête à l’avenir. — Calmez-vous, monsieur, pour l’amour de Dieu ! dit Albert à son père. En vérité, c’est le roi ; le danger qu’il court est si grand, que chaque moment perdu peut amener une fatale catastrophe. — Bon Dieu ! » s’écria le père en joignant les mains et prêt à tomber à genoux ; « mon plus ardent