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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/321

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Rob s’engageait à les mettre à l’abri de tout dommage ; ne leur eût-on enlevé qu’un seul mouton, il le leur faisait rendre, ou en payait la valeur ; et il a toujours tenu sa parole. Je ne puis dire qu’il en ait jamais manqué, et personne ne l’accusera de ne l’avoir pas tenue.

— Voilà un singulier contrat d’assurance, dit M. Owen.

— Il est en opposition directe avec nos lois, il faut en convenir, reprit M. Jarvie ; c’est une chose tout à fait illégale. Celui qui lève le black-mail et celui qui le paie encourent les mêmes peines, et cependant si les lois ne peuvent protéger mes grains et mes troupeaux, pourquoi ne m’arrangerais-je pas avec un gentilhomme montagnard qui peut le faire ? Répondez à cela.

— Mais, M. Jarvie, lui dis-je, ce contrat de black-mail, puisque vous l’appelez ainsi, est-il complètement volontaire de la part du propriétaire ou du fermier qui paie l’assurance ? Et qu’arrive-t-il si quelqu’un d’eux s’y refuse ?

— Ah, ah ! jeune homme, » dit le bailli en riant et en plaçant son index sur son nez ; » vous croyez me tenir par là. Ma foi, moi, si j’avais un ami, je lui conseillerais de s’arranger avec Rob ; car on a beau guetter et beau faire, on n’échappe guère au pillage quand viennent les longues nuits. Quelques uns des Grahame et des Cohoon s’y sont d’abord refusés ; et qu’en est-il résulté ? c’est qu’ils ont perdu tous leurs troupeaux dans le cours de l’hiver. Depuis ce temps la plupart crurent qu’il valait mieux pour eux accepter les conditions de Rob. Il est traitable et facile pour tous ceux qui le sont avec lui ; mais si vous lui résistez, mieux vaudrait pour vous avoir affaire au diable.

— C’est, je suppose, par ses exploits dans ce genre qu’il s’est exposé à la poursuite des lois du pays.

— À leur poursuite, ah ! oui, vous pouvez bien le dire ; et si on le tenait, son cou sentirait le poids de ses jambes. Mais il a de bons amis parmi les grands, et je pourrais vous nommer une famille puissante qui le soutient de tout son pouvoir, pour qu’il soit une épine dans le pied d’une autre. Et puis, c’est bien la tête la plus inventive, la plus fertile en ressources qui ait jamais conduit une bande de montagnards. Il a joué plus d’un malin tour, plus qu’il n’en faudrait pour remplir un gros livre qui serait aussi curieux que l’histoire de Robin-Hood ou de William Wallace, et rempli de ces aventures étonnantes, de ces fuites miraculeuses qu’on raconte au coin du feu dans les soirées d’hiver. C’est une