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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/323

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— Mais encore une fois, monsieur Jarvie, je ne vois pas quel rapport ceci peut avoir avec M. Campbell, encore bien moins avec les affaires de mon père.

— Rob peut lever cinq cents hommes, monsieur ; il a donc autant d’intérêt à la guerre que la plupart des autres, car il y trouverait plus de profit qu’en temps de paix. Ensuite, à vous parler franchement, je crois qu’il est l’agent principal d’une correspondance qui existe entre nos chefs montagnards et les gentilshommes du nord de l’Angleterre. Nous avons entendu parler du vol qui a été fait à ce Morris, porteur de deniers publics, dans les monts Cheviot, par Rob et un des jeunes Osbaldistone ; et pour vous dire la vérité, monsieur Frank, le bruit a couru que c’était vous-même, et j’étais bien fâché de voir le fils de votre père s’adonner à de tels exploits. Vous n’avez pas besoin de me rien dire la-dessus, je vois bien que je m’étais trompé, mais il n’y avait rien dont je ne crusse capable un jeune homme livré au théâtre, comme on m’avait dit que vous l’étiez. Maintenant je ne doute pas que l’auteur de ce vol ne soit Rashleigh lui-même, ou quelque autre de vos cousins, car ils sont tous entachés de la même marque, tous enragés jacobites et papistes, regardant les papiers et l’argent du gouvernement comme de bonne prise. Quant à cette vile créature, ce Morris, il est tellement poltron qu’il n’ose pas encore avouer aujourd’hui que ce fut Rob qui lui enleva son portemanteau ; et, ma foi, il a raison, car ces animaux de collecteurs et de douaniers ne sont guère aimés par ici, et Rob pourrait le rattraper avant que la douane pût venir à son aide.

— Il y a long-temps que j’ai soupçonné tout cela, monsieur Jarvie ; mais quant aux affaires de mon père…

— Soupçonné ! le fait est certain ; je connais des gens qui ont vu quelques-uns des papiers enlevés à Morris, il est inutile de dire où. Mais pour en revenir aux affaires de votre père, vous devez bien penser que depuis vingt ans quelques uns de ces lairds ou chefs montagnards n’ont pas été sans ouvrir les yeux sur leurs intérêts. Votre père et plusieurs associés ont acheté les bois de Glen-Disseries, Glen-Kissoch, Toberna-Kippoch, et d’autres encore. Il a donné des billets considérables en paiement, et comme la maison Osbaldistone et Tresham jouissait d’un grand crédit… car je le dirai devant M. Owen comme derrière son dos, avant le malheur que la Providence leur a envoyé, il n’y avait pas d’hommes plus honorables en affaires… les propriétaires montagnards,