Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/324

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porteurs de ces billets, ont trouvé à les escompter à Glasgow et à Édimbourg (je devrais ne parler que de Glasgow, car, malgré leur orgueil, les gens d’Édimbourg font peu d’affaires), ou ont emprunté dessus ; si bien que vous voyez maintenant où j’en veux venir. »

J’avouai que je ne le comprenais pas encore parfaitement.

« Comment ! dit-il, si les billets ne sont pas payés, les négociants de Glasgow auront leur recours sur les propriétaires montagnards qui n’ont pas le sou, et qui d’ailleurs n’aimeraient guère à rendre un argent qui est déjà mangé ; cela en fera autant de désespérés ; cinq cents chefs qui auraient pu rester tranquilles chez eux se soulèveront, le diable se mêlera des affaires, et c’est ainsi que la suspension des paiements de la maison de votre père hâtera l’insurrection qui nous menace depuis si long-temps.

— Vous pensez donc, » lui dis-je, frappé de ce nouveau jour sous lequel il me présentait les choses, « que Rashleigh Osbaldistone n’a fait tort à mon père que pour accélérer un soulèvement dans les hautes terres, par la détresse où se trouveront réduits les gentilshommes au profit desquels ces billets ont été souscrits dans l’origine ?

— Sans doute, sans doute, voilà quel a été son motif principal, monsieur Osbaldistone, quoique je ne doute pas qu’il n’ait pu en avoir un autre pour s’emparer de l’argent comptant qu’il a aussi emporté. Mais c’est une perte qui est comparativement insignifiante pour votre père, et ce sera peut-être tout le gain qu’en retirera votre cousin, car les billets qu’il a emportés ne peuvent lui servir à autre chose qu’à allumer sa pipe. Il a cherché à les faire escompter par Mac-Vittie et compagnie, à ce que j’ai su par André Wylie, mais ce sont de trop vieux renards pour donner dans le piège ; ils l’ont refusé avec de belles paroles : Rashleigh est trop connu à Glasgow pour y avoir du crédit, car il y est venu en 1707, pour quelque manigance jacobite et papiste, et a laissé des dettes derrière lui. Non, non, il ne réussira jamais à placer ici ces effets ; les gens se méfieraient de la manière dont ils sont venus entre ses mains ; non, non : je gagerais qu’ils sont cachés dans quelque coin des montagnes, et je ne serais pas étonné que mon cousin Rob pût les avoir s’il voulait.

— Mais le croyez-vous disposé à nous servir dans cette position critique ? Vous l’avez représenté comme l’agent du parti jacobite, et profondément engagé dans toutes ses intriguer : voudra-t-il,