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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/385

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père, ses compatriotes avaient joint à son nom l’épithète de oig, qui veut dire jeune. Des cheveux noirs et un teint brun, mais animé des vives couleurs de la vigueur et de la santé, et des membres plus robustes et mieux formés qu’ils ne le sont ordinairement à son âge, le caractérisaient d’une manière particulière.

Tous deux se tenaient en silence devant leur mère avec un visage abattu par la honte et la douleur, écoutant avec la soumission la plus respectueuse les reproches dont elle les accablait. Enfin, lorsqu’elle eut en quelque sorte exhalé son ressentiment, l’aîné lui parlant en anglais, vraisemblablement pour n’être pas compris de leurs gens, essaya de se justifier ainsi que son frère. J’étais assez près de lui pour entendre presque tout ce qu’il allait dire, et il m’importait tellement de m’instruire de tout ce qui se passait dans ce moment de crise, que je l’écoutai avec la plus grande attention.

« Mac-Gregor, dit le jeune-homme, était invité à une entrevue par un habitant des basses-terres qui lui remit une lettre de la part de… (il prononça le nom si bas que je ne fus pas sûr de l’avoir bien entendu, mais il me parut qu’il ressemblait au mien) ; il accepta l’invitation, mais il nous ordonna de garder en otage le Saxon qui avait apporté cette lettre, pour lui garantir qu’on ne lui manquerait pas de foi. Il alla donc au lieu du rendez-vous (qui avait quelque étrange nom montagnard que je ne puis me rappeler), suivi seulement d’Angus Breck et du petit Rory, défendant que personne le suivît. Une demi-heure après, Angus Breck nous apporta la triste nouvelle que Mac-Gregor avait été surpris et fait prisonnier par un détachement de la milice de Lennox, commandé par Galbraith de Garschattachin. Il ajouta que Galbraith, sur la menace que lui fit Mac-Gregor, au moment de son arrestation, d’user de représailles sur l’individu resté en otage, avait ri de cette menace, et lui avait répondu : « Eh bien ! Rob, que chacun pende son homme : nous pendrons le cateran[1], et les caterans pendront le douanier. Par là le pays sera délivré à la fois de deux maudites pestes, un brigand montagnard et un agent du fisc. » Angus Breck, surveillé moins rigoureusement que son maître, réussit à s’échapper après être resté captif assez long-temps pour entendre cette discussion.

— Et quand vous l’apprîtes vous-mêmes, misérables traîtres. »

  1. Le brigand. a. m.