Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et si je vous mettais en liberté, dit l’impérieuse Hélène, quel nom donneriez-vous à la noyade de ce chien de Saxon ?

— Hem ! hem ! dit le bailli en s’éclaircissant la voix à plusieurs reprises, « j’en dirais là-dessus le moins possible : moins on parle, moins on s’expose à dire des sottises.

— Mais si vous étiez sommé de parler devant ce que vous nommez les cours de justice, demanda-t-elle encore, quelle serait votre réponse ? »

Le bailli jeta les yeux de côté et d’autre, comme quelqu’un qui médite une fugue ; puis, du ton d’un homme qui, ne voyant nul moyen d’effectuer sa retraite, se détermine à faire face au danger, il dit : « Je vois que vous voulez me mettre au pied du mur ; mais je vous dirai franchement, cousine, que j’ai déjà parlé d’après ma conscience, et quoique votre mari, que j’aurais bien voulu trouver ici, pour son intérêt autant que pour le mien, puisse vous certifier, comme cette brave créature de montagnard qu’on appelle Dougal, que Nicol Jarvie sait autant que personne fermer les yeux sur les fautes d’un ami, cependant j’ajouterai, cousine, que ma langue ne parlera jamais contre ma pensée ; et plutôt que de dire que ce pauvre malheureux a été légalement exécuté, je préférerais aller lui tenir compagnie… quoique je pense que vous seriez la première montagnarde qui eût condamné à un tel sort le cousin de son mari au quatrième degré. »

Il est probable que le ton de fermeté avec lequel le bailli prononça ces dernières paroles était plus capable de faire impression sur le cœur endurci de sa cousine que l’air suppliant qu’il avait pris d’abord ; de même que le verre cède à la pointe du diamant, quoiqu’il résiste à des corps moins durs. Elle ordonna qu’on nous plaçât tous deux devant elle.

« Votre nom, me dit-elle, n’est-il pas Osbaldistone ? Il m’a semblé que le chien saxon de la mort duquel vous venez d’être témoin vous a appelé ainsi ?

— Mon nom est Osbaldistone, répondis-je.

— Je suppose alors, continua-t-elle, que Rashleigh est votre nom de baptême ?

— Non. Mon nom de baptême est Francis.

— Mais vous connaissez Rashleigh Osbaldistone ; il est votre frère, si je ne me trompe, du moins votre proche parent, votre ami intime.

— Il est mon parent, mais non mon ami. Nous nous battions