Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/391

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en duel, il y a peu de jours, quand nous fûmes séparés par votre mari. Son épée est encore teinte de mon sang, et la blessure qu’il m’a faite est à peine fermée. J’ai peu de motifs de le regarder comme un ami.

— Mais si vous êtes étranger à ses intrigues, vous pourriez aller trouver Garschattachin et son détachement sans aucune crainte d’être arrêté, et leur porter un message de la femme de Mac-Gregor.

— Je ne connais aux gentilshommes de la milice aucun motif raisonnable de me retenir, et je n’ai aucune raison pour craindre de tomber entre leurs mains. Je suis prêt à me charger de votre message si, en récompense, vous consentez à prendre sous votre protection mon ami et mon domestique qui resteront vos prisonniers. »

Je saisis cette occasion pour lui dire que je n’étais venu dans ce pays que sur l’invitation de son mari, qui m’avait promis son secours dans une affaire qui m’intéressait vivement, et que mon ami M. Jarvie m’avait accompagné dans le même but.

« Et je voudrais, moi, dit le bailli, que les bottes de M. Jarvie eussent été pleines d’eau bouillante quand il les a mises pour un pareil voyage. »

« Dans ce que ce jeune Saxon[1] vient de dire vous devez reconnaître votre père, dit Hélène Mac-Gregor en se tournant vers ses fils. Sage lorsque le bonnet de montagnard couvre sa tête et qu’il a le sabre à la main, jamais il n’échange le plaid contre un habit que pour s’enfoncer dans les misérables intrigues des habitants des basses terres, et devenir, malgré tout ce qu’il a souffert, leur agent, leur instrument, leur esclave.

— Ajoutez, madame, lui dis-je, leur bienfaiteur.

— Soit, dit-elle ; c’est le titre le plus léger de tous, puisqu’il n’a jamais semé de bienfaits que pour en recueillir la plus noire ingratitude… Mais en voilà assez sur ce sujet… Je vous ferai conduire aux avant-postes de l’ennemi ; demandez le commandant, et dites-lui de la part de moi, Hélène Mac-Gregor, que s’ils touchent à un cheveu de la tête de Mac-Gregor, et qu’ils ne le remettent pas en liberté sous douze heures, il n’y a pas une femme du comté de Lennox qui, d’ici à Noël, n’entonne le coronach[2] pour ceux qui lui sont chers ; il n’y a pas un fermier dont

  1. Sassenach, Saxon. Les Écossais des hautes terres désignent encore les Anglais par cette dénomination. a. m.
  2. Chant de mort. a. m.