Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dougal avait été désigné pour ce service, mais il trouva moyen de s’en dispenser. Son but, comme nous l’apprîmes plus tard, était de veiller à la sûreté de M. Jarvie que, suivant ces principes de fidélité qu’on trouve parmi les sauvages, il regardait, comme ayant des droits à ses bons offices pour avoir été en quelque sorte son patron pendant qu’il était porte-clefs de la prison de Glasgow.

Après une heure de marche très-rapide, nous arrivâmes à une éminence couverte de broussailles qui dominait la vallée, et d’où nous découvrîmes le poste occupé par la milice. Comme ce détachement était principalement composé de cavalerie, il avait sagement évité de s’engager dans le défilé qui avait été si fatal au capitaine Thornton. La position qu’on avait choisie indiquait quelque connaissance militaire : c’était la pente d’une colline au centre de la petite vallée d’Aberfoïl, au milieu de laquelle serpente le Forth et près de la source de ce fleuve. Cette vallée est formée par deux chaînes de montagnes, en face desquelles s’élèvent des remparts de roches calcaires mêlées d’énormes masses rocailleuses et adossées à des sommets plus élevés. Ces chaînes de montagnes laissaient cependant assez de largeur à la vallée pour mettre la cavalerie à l’abri d’une surprise de la part des montagnards, et on avait eu soin de placer de tous côtés des sentinelles et des avant-postes à distance convenable du corps principal, pour qu’à la moindre alarme la troupe pût avoir le temps de monter à cheval et de se mettre sous les armes. À la vérité on ne croyait pas alors que les montagnards pussent attaquer la cavalerie en rase campagne, quoique des événements récents aient prouvé qu’ils pouvaient le faire avec succès[1]. À cette époque, les montagnards avaient encore une crainte superstitieuse de la cavalerie, l’aspect des chevaux étant beaucoup plus imposant et plus formidable que celui des petits schelties de leurs montagnes, et ces hommes grossiers étant dans la croyance qu’on les dressait à combattre avec les pieds et les dents.

Les chevaux attachés à des piquets, et paissant dans cette petite vallée ; les soldats qui formaient différents groupes, les uns assis, les autres debout, ou se promenant auprès de la rivière ; ces chaînes de rochers nus, mais pittoresques, qui bornent le paysage des deux côtés, formaient le premier plan d’un tableau imposant

  1. Allusion aux affaires de Prestonpans et de Falkirk en 1745. a. m.