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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/392

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la grange ne soit en feu ou le troupeau pillé ; pas un laird, pas un propriétaire qui se couche le soir avec l’assurance de voir le lendemain la lumière du soleil. Et pour première exécution de mes menaces, dès que ce délai sera expiré, je leur enverrai ce bailli de Glasgow, ce capitaine saxon et le reste des prisonniers, chacun enveloppé dans un plaid, coupés en autant de morceaux qu’il y a de carreaux dans ce tartan[1]. »

Aussitôt qu’elle eut cessé de parler, le capitaine Thornton, qui était assez près pour l’entendre, ajouta avec le plus grand sang-froid : « Présentez à l’officier commandant mes compliments, les compliments du capitaine Thornton de la garde royale ; dites-lui qu’il fasse son devoir, et qu’il garde son prisonnier sans s’inquiéter de mon sort. Si j’ai été assez fou pour me laisser attirer dans une embuscade par ces sauvages artificieux, je serai assez sage pour mourir d’une manière qui ne déshonore pas ma profession… Je n’ai qu’un seul regret, ajouta-t-il, c’est de voir mes malheureux soldats entre des mains si barbares.

— Chut ! chut ! dit le bailli ; êtes-vous las de vivre ?… Monsieur Osbaldistone, vous présenterez mes civilités à l’officier commandant, les civilités du bailli Nicol Jarvie, magistrat de Glasgow, comme l’était avant lui son père le diacre. Dites-lui qu’il y a ici d’honnêtes gens dans la peine et à qui il peut arriver pis encore, et que la meilleure chose qu’il puisse faire pour le bien général, c’est de laisser rentrer Rob dans ses montagnes, et de ne pas s’en occuper davantage… Il y a déjà eu assez de malheurs ; mais je crois qu’il ne faudra pas parler de celui du douanier. »

Chargé de ces commissions si opposées par les parties les plus intéressées au succès de mon ambassade, et après la recommandation répétée de l’épouse de Mac-Gregor de ne pas oublier un mot de ce qu’elle m’avait ordonné de dire, on me laissa enfin partir, et l’on permit même à André Fairservice de m’accompagner, pour se débarrasser, je crois, de l’importunité de ses prières. Cependant, de crainte que je ne me servisse de mon cheval pour échapper à mes guides, ou peut-être par le désir de conserver une prise de quelque valeur, ou m’annonça que je ferais la route à pied, escorté par Hamish Mac-Gregor et par deux de ses montagnards, tant pour me montrer le chemin que pour reconnaître la force et la position de l’ennemi.

  1. Étoffe quadrillée dont les Écossais font leurs plaids. a. m.