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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/416

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ressemblent… Je souhaite qu’il n’ait pas trempé dans ce complot. Je n’oublierai jamais l’air sot de Morris quand il m’entendit ordonner qu’on le gardât en otage jusqu’à mon retour. Enfin, me voilà revenu pourtant, mais ce n’est pas grâce à lui, ni à ceux qui l’ont employé. Maintenant il s’agit de savoir comment le douanier s’en tirera lui-même… et ce ne sera pas sans rançon, je le jure.

— Il a déjà payé la dernière rançon qu’on puisse demander à un homme.

— Quoi ? comment ? que dites-vous ?… Il a donc péri dans l’escarmouche ?

— Non, monsieur Campbell : il a été tué de sang-froid, après le combat.

— De sang-froid ? damnation ! » murmura-t-il en serrant les dents. « Comment cela s’est-il passé ? Parlez, monsieur, dites ce que vous savez, sans m’appeler ni monsieur, ni Campbell… J’ai le pied sur mes bruyères natales, et mon nom est Mac-Gregor. »

Ses passions paraissaient arrivées à un violent degré d’irritation ; mais, sans paraître m’apercevoir de la rudesse de son ton, je lui fis clairement, et en peu de mots, le récit de la mort de Morris…. Frappant alors la terre avec violence de la crosse de son fusil, il s’écria : Je jure sur mon Dieu qu’une pareille action est capable de faire abandonner femme, enfants, parents, clan et patrie… Et pourtant il y a long-temps que le misérable l’avait mérité… Quelle différence y a-t-il d’ailleurs entre être jeté à l’eau avec une pierre au cou, ou être suspendu en plein air par une corde ? c’est toujours être étouffé, après tout, et il n’a que le sort qu’il me préparait. Cependant j’aurais mieux aimé qu’on lui eût envoyé une balle au travers du corps, ou qu’on l’eût expédié d’un coup de poignard ; car la manière dont on l’a fait périr fera long-temps jaser… Mais chacun a son heure marquée ; quand elle est arrivée, il faut mourir. Et personne, du moins, ne niera qu’Hélène Mac-Gregor n’ait à venger de mortelles injures ! »

Après ces paroles, il sembla vouloir bannir entièrement ce sujet, et me demanda comment je m’étais échappé des mains de la troupe au milieu de laquelle il m’avait vu.

Mon histoire ne fut pas longue, et je finis en lui disant de quelle manière j’avais recouvré les papiers de mon père, sans oser toutefois prononcer le nom de Diana.

« J’étais sûr que vous les retrouveriez, me dit Mac-Gregor ; la lettre que vous m’avez apportée exprimait la volonté de Son Ex-