Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/450

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Le four est en flamme, en flamme !
Prenez donc garde, belle dame.


Ce ne fut pas sans peine que je fis cesser ses maudites clameurs, et que je parvins à savoir ce dont il s’agissait. Il m’apprit alors, comme la plus belle nouvelle du monde, que les montagnards étaient en pleine insurrection, et que Rob-Roy, à la tête de toute sa bande de sans-culottes, serait à Glasgow avant que l’aiguille de l’horloge en eût deux fois fait le tour.

« Taisez-vous, faquin que vous êtes ! lui répondis-je ; il faut que vous soyez ivre ou fou. Et s’il y avait quelque vérité dans cette nouvelle, drôle, y aurait-il là de quoi chanter ?

— Ivre ou fou ? répliqua-t-il impudemment ; sans doute, on est toujours ivre ou fou quand on annonce aux gens des nouvelles qu’ils ne se soucient pas d’apprendre. Je puis chanter, ma foi ! mais les montagnards nous feront chanter d’une autre manière, si nous sommes assez fous ou assez ivres pour attendre leur arrivée. »

Je sortis de ma chambre, et trouvai Owen et mon père debout ; tous deux semblaient fort alarmés.

Les nouvelles d’André n’étaient que trop vraies. La grande rébellion qui a agité la Grande-Bretagne en 1715 venait d’éclater. L’infortuné comte de Marr avait levé l’étendard des Stuarts : fatale entreprise qui fut suivie de la ruine de plusieurs familles honorables d’Angleterre et d’Écosse. La trahison de quelques agents jacobites, particulièrement celle de Rashleigh, et l’arrestation de quelques autres, avaient dévoilé au gouvernement de Georges Ier les nombreuses ramifications d’une conjuration préparée de longue main, et dont l’explosion prématurée eut lieu dans une partie du royaume trop éloignée du centre pour produire aucun effet bien sensible sur le pays, si ce n’est la confusion et le désordre qu’elle y jeta.

Ce grand événement me donna l’explication de plusieurs paroles obscures et d’un sens détourné que j’avais entendues de Mac-Gregor : je vis alors que les clans de l’Ouest qui avaient été rassemblés pour marcher contre lui, avaient renoncé à soutenir leur querelle particulière, par cette considération qu’ils devaient se réunir bientôt pour combattre en faveur de la même cause. Diverses expressions dont s’était servi Galbraith en parlant au duc, et auxquelles je n’avais rien compris alors, me revinrent aussi à la mémoire. Mais la plus cruelle de mes réflexions était que Diana