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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/451

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fût l’épouse d’un de ces hommes qui se montraient les plus ardents à propager le désordre et l’anarchie, et qu’elle-même se trouvât exposée à toutes les privations et à tous les périls du rôle dangereux que jouait son mari.

Nous tînmes une consultation sur les mesures que nous avions à prendre dans ce moment de crise, et nous adoptâmes le plan de mon père, qui était de nous procurer immédiatement les passeports nécessaires, et de nous rendre à Londres sans délai. Je lui fis part du désir que j’avais d’offrir mes services au gouvernement et d’entrer dans un corps de volontaires, dont on disait que plusieurs se formaient déjà. Il souscrivit volontiers à ce projet ; car, quoiqu’il n’aimât pas la profession des armes, personne cependant n’aurait exposé sa vie plus volontiers que lui pour la défense de la liberté civile et religieuse.

Nous traversâmes en hâte, et non sans courir quelques dangers, le Dumfrieshire et les comtés voisins de l’Angleterre. Dans ces environs tous les gentilshommes du parti tory étaient déjà en mouvement, et s’occupaient à rassembler des hommes et des chevaux, tandis que des whigs se réunissaient dans les villes principales, armaient les habitants, et se préparaient à la guerre civile. Nous manquâmes plus d’une fois d’être arrêtés, et nous fûmes souvent obligés de faire un circuit pour éviter de passer sur les points de rassemblement des troupes opposées.

En arrivant à Londres, nous nous associâmes immédiatement aux banquiers et négociants qui s’étaient réunis pour soutenir le crédit du gouvernement, et pour prévenir la baisse de fonds, sur laquelle les conspirateurs avaient en grande partie fondé leurs espérances de succès, se flattant qu’ils réduiraient le gouvernement à la nécessité de faire banqueroute. Mon père fut nommé président de ce corps formidable de capitalistes, dont chacun des membres avait la plus grande confiance dans son zèle, son activité et ses talents. Il fut aussi l’organe dont ils se servirent pour communiquer avec le gouvernement, et il trouva moyen, tant par les fonds qui lui appartenaient que par ceux dont il pouvait disposer, de faire acheter une quantité d’effets publics, qui, au moment où la rébellion éclata, furent présentés à la bourse, ce qui menaçait de produire une baisse considérable. Je ne restai pas oisif non plus, mais j’obtins une commission, et je levai aux frais de mon père un corps de deux cents hommes avec lesquels je joignis l’armée du général Carpenter.