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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/89

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grande raison de se plaindre de moi, s’il eût commencé la discussion par cet argument.

Mais il était trop tard. J’avais beaucoup de son obstination, et le ciel avait résolu que je trouverais dans ma propre faute la peine, trop douce peut-être, de ma désobéissance. Owen, quand nous fûmes seuls, me regarda, les yeux baignés de larmes, comme pour découvrir, avant d’entreprendre le rôle d’intercesseur, sur quel point il devait m’attaquer. Enfin il commença d’une voix tremblante et entrecoupée de sanglots : « Seigneur ! monsieur Francis !… bon Dieu, monsieur !… quel destin, monsieur Osbaldistone !… était-il possible de prévoir pareille chose ! Vous, un si bon jeune homme !!! Pour l’amour du ciel ! regardez les deux côtés du compte, songez à ce que vous allez perdre ; une brillante fortune, monsieur ! une des meilleures maisons de la Cité, anciennement connue sous la raison Tresham et Trent, aujourd’hui sous celle de Tresham et Osbaldistone ! Vous rouleriez sur l’or, monsieur Francis, ha ! mon cher monsieur Francis, s’il y avait quelque chose dans le travail de la maison qui vous déplût trop, eh bien ! ajouta-t-il en parlant beaucoup plus bas, je le ferais pour vous tous les mois, toutes les semaines, tous les jours, si vous le voulez. Allons, mon cher monsieur Francis, songez au respect dû à votre père, pour que vos jours soient longs en ce monde.

— Je vous suis bien obligé, monsieur Owen, répondis-je, fort obligé, vraiment ; mais mon père sait comment employer son argent ; il parle d’un de mes cousins ; qu’il dispose à son gré de ses biens ; je ne vendrai jamais ma liberté pour de l’or.

— De l’or, monsieur ? je voudrais que vous eussiez vu le calcul des profits pendant le dernier trimestre. Il y avait cinq chiffres, cinq chiffres au dividende de chaque associé, monsieur Francis ; et toutes ces richesses passeraient à un papiste, à un benêt du nord, à un méchant homme encore ! Cela me fend le cœur, monsieur Francis, à moi qui ai travaillé plutôt comme un nègre que comme un homme, pour faire prospérer la maison. Voyez comme cela sonnera bien, Osbaldistone, Tresham et Osbaldistone, ou peut-être, qui sait ? (baissant encore la voix) Osbaldistone et Tresham, car le nom d’Osbaldistone peut encore se placer avant tous les autres.

— Mais, monsieur Owen, mon cousin se nomme aussi Osbaldistone ; le nom de la compagnie sonnera donc absolument aussi bien à vos oreilles.