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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/133

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l’avoit promis. Quelque ridicule et mal inventée que toute cette histoire paroisse d’abord, il se trouva des gens assez sots pour y ajouter foi, et la publier sur sa parole. Il fit bien pis. Il eut l’imprudence de me la faire à moi-même dans la cour du palais Mazarin. Je lui dis que sachant mieux que personne que tout ce qu’il disoit ne pouvoit pas être, je ne pouvois croire autre chose, sinon qu’il voulait railler ; et que si je savois qu’il eut la moindre pensée de se battre sur cet impertinent prétexte, j’en avertirois sur l’heure M. le comte qui était à deux pas de nous, et qui entendoit une partie de ce que nous disions. Courcelles voyant bien à l’air dont je lui parlois, que je n’entendois pas raillerie, me fit signe de la tête que c’étoit pour rire ; n’osant pas me le dire à cause de M. le comte qui nous joignit en même temps. Jugez de mon étonnement quand j’appris le lendemain, non-seulement qu’il s’êtoit battu ; mais que dans l’accommodement qu’ils avoient fait ensemble sur-le-champ, il avoit eu l’effronterie de soutenir sa fiction jusqu’au bout, et d’excepter une femme du secret qu’ils se promirent l’un à l’autre. Il étoit si satisfait de lui-même, qu’il ne put s’empêcher de se vanter de l’exception qu’il avoit faite, à des gens qu’il n’avoit pas exceptés. Ce fut ce qui divulgua la chose, et qui les fit envoyer tous deux à la Conciergerie, faire pénitence de la sottise d’un seul.

On ne manqua point à la Cour de me traiter de brouillonne, et de m’accuser de brutalité sur ce digne sujet : qu’il ne tiendrait pas à moi que je n’en fisse égorger bien d’autres ; et un valet de chambre que j’avois, ayant été blessé dangereusement, environ ce même temps, par des bretteurs de sa con-