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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/134

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noissance, on eut encore la charité de faire entendre au Roi, que ce garçon étoit entièrement dans ma confidence, et qu’en ayant abusé, j’avais trouvé à propos de le faire assassiner. L’insolence avec laquelle on débitoit ces calomnies m’obligea d’en parler au Roi ; Mme la Comtesse avec qui j’y fus, lui dit d’abord en entrant, qu’elle lui amenoit cette criminelle, cette méchante femme dont on disoit tant de maux. Le Roi eut la bonté de me dire, qu’il n’en avoit jamais rien cru ; mais ce fut si succinctement, et d’une manière si éloignée de l’honnêteté avec laquelle il avoit coutume de me traiter, que tout autre que moi en auroit pris sujet de douter s’il disoit vrai. Vous savez que la Cour est un pays de grande contradiction. La pitié qu’on avoit peut-être pour moi quand on me savoit enfermée dans un couvent, s’étoit changée en envie, quand on m’avoit vue paroître chez la Reine, et y faire beaucoup meilleure figure que je ne voulois. Je n’avois pourtant autre prétention que de faire quelque accommodement supportable avec M. Mazarin ; mais ceux par qui je me conduisois, et qui avoient, à ce qu’on a cru, d’autres desseins, jouèrent à me perdre pour essayer de les faire réussir. Abusant de ma simplicité, et de la déférence aveugle que j’avois pour leurs sentiments, ils me faisoient faire tous les jours des démarches, dont je ne savois ni la conséquence, ni les motifs.

Parmi ces brouilleries, notre procès avançoit toujours. M. Mazarin trouva la même faveur auprès des vieux, que j’avois trouvée auprès des jeunes. J’eus avis au bout de trois mois : qu’il était maître de la grande chambre ; que sa cabale y étoit toute puissante ; qu’il auroit tel arrêt qu’il voudroit ;