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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/190

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C’est une question injurieuse qui m’a laissé un si grand scrupule, que pour me mettre l’esprit en repos, j’ai été obligé d’ajouter quelques vers, qui montrent que votre beauté est incapable de recevoir aucune altération.

Beaux yeux, quel est votre destin !
Périrez-vous, beaux yeux, à regarder Morin ?
Non, d’un charme éternel le fond inépuisable
Vous rend, malgré Morin, chaque jour plus aimable ;
Sa bassette a détruit, bien, repos, liberté ;
Tout cède à son désordre, hormis votre beauté :
Tout se dérègle en vous, tout se confond par elle ;
Mais le dérèglement vous rend encor plus belle ;
Et, lorsque vous passez une nuit sans sommeil,
Plus brillante au matin que l’éclat du soleil,
Vous nous laissez douter si sa chaleur feconde
Vaut le feu de vos yeux pour animer le monde.

N’appréhendez pas, Madame, de perdre vos charmes à Newmarket : montez à cheval dès cinq heures du matin ; galopez dans la foule à toutes les courses qui se feront ; enrouez-vous à crier plus haut que Mylord Thomond2 aux combats de Coqs ; usez vos poumons à pousser des Done3 à droite et à gauche ; entendez tous les soirs ou la Comédie de Henri VIII4 ou


2. Henri O’Brian, comte de Thomond, en Irlande, grand parieur aux combats de coqs.

3. Expression angloise qui, en matière de pari, répond à notre Va.

4. Composée par Shakspeare.