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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/194

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Et de son char volant les magiques ressorts
Transporteront Morin et Morice à Windsor12.
Du géant Malambrun l’ordinaire monture,
Chevillard n’eût jamais une si douce allure ;
Et l’on ne vit jamais ce renommé coursier
Porter si digne maître et si rare écuyer.
Loin, félons malandrins, sorciers, races damnées,
Sur le bon Don Quichotte autrefois déchaînées !
Loin, maudits enchanteurs, restes de la Voisin13,
Députés de Satan pour tourmenter Morin !
Sortez d’ici, méchants ; abandonnez une île
Où tant de gens de bien ont cherché leur asile !
Vos pièges décevants sont ici superflus ;
Fourbes, retirez-vous, et ne revenez plus !
Mais plutôt, cher Morin, forcez cette canaille
D’adorer dans vos mains les vertus de la taille ;
Produisez devant eux un miracle nouveau,
Plus fort que leur magie, et plus grand et plus beau ;
Découvrez à leurs yeux les monceaux de guinées,
Des banques par vos lois sagement gouvernées ;
Un valet bien soumis à l’ordre de vos doigts,
Qui, pour vous obéir, perdra les quatre fois :
Ce fidèle valet acquittera les dettes
Qui viennent de Paris ou qu’à Londres vous faites.
Une dame attachée à tous vos intérêts,
Fera pour vous autant qu’auront fait les valets ;
Elle saura fournir à la magnificence



12. Quand la Cour étoit à Newmarket, et que Morin vouloit y aller, il faisoit souvent ce voyage la nuit, de peur de ses créanciers, et prenoit avec lui un valet de chambre de Mme Mazarin, nommé Morice, qui étoit un bouffon assez plaisant.

13. On sait que la Voisin fut brûlée pour sortilège.