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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/205

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jour le plus heureux que vous passerez dans le couvent, ne vaudra pas le plus triste que vous passerez dans votre maison.

Encore si vous étiez touchée d’une grâce particulière de Dieu, qui vous attachât à son service, on excuseroit la dureté de votre condition, par l’ardeur de votre zèle, qui vous rendroit tout supportable : mais je ne vous trouve pas persuadée, et il vous faut apprendre à croire celui que vous allez servir si durement. Vous trouverez toutes les peines des religieuses, et ne trouverez point cet époux qui les console. Tout époux vous est odieux et dans le couvent et dans le monde. Douter un jour de la félicité de l’autre vie, est assez pour désespérer la plus sainte fille d’un couvent ; car la foi seule la fortifie et la rend capable de supporter les mortifications qu’elle se donne. Qui sait, Madame, si vous croirez un quart d’heure ce qu’il faut qu’elle croie toujours, pour n’être pas malheureuse ? Qui sait si l’idée d’un bonheur promis aura jamais la force de vous soutenir contre le sentiment des maux présents ?

Il n’y a rien de plus raisonnable à des gens véritablement persuadés, que de vivre dans l’austérité, qu’ils croient nécessaire pour arriver à la possession d’un bien éternel ; et rien de plus sage à ceux qui ne le sont pas, que de prendre ici leurs commodités, et de goûter