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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/21

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mets où elles s’accommodent le mieux, et les dispenser avec tant de discrétion, qu’elles relèvent le propre goût de la viande, sans faire quasi sentir le leur.

Après avoir parlé de la qualité des vins et de la condition des viandes, il faut venir au conseil le plus nécessaire pour l’accommodement du goût et de la santé.

Que la nature vous incite à boire et à manger, par une disposition secrète qui se fait légèrement sentir, et ne vous y presse pas par le besoin. Où il n’y a point d’appétit, la plus saine nourriture est capable de nous nuire, et la plus agréable de nous dégoûter : où il y a de la faim, la nécessité de manger est une espèce de mal qui en cause un autre après le repas, pour avoir fait manger plus qu’il ne faut. L’appétit donne de l’exercice à notre chaleur naturelle, dans la digestion ; l’avidité lui prépare du travail et de la peine. Le moyen de nous tenir toujours dans une disposition agréable, c’est de ne souffrir ni vide ni replétion, afin que la nature n’ait jamais à se remplir avidement de ce qui lui manque, ni à se soulager avec empressement de ce qui la charge.

Voilà tous les conseils que mon expérience m’a su fournir pour la lecture et la bonne chère. Je ne veux pas finir, sans toucher un mot de ce qui regarde l’amour.