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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/22

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Si vous avez une mattresse à Paris, oubliez-la le plus tôt qu’il vous sera possible, car elle ne manquera pas de changer ; et il est bon de prévenir les infidèles. Une personne aimable à la cour, y veut être aimée ; et là où elle est aimée, elle aime à la fin. Celles qui conservent de la passion pour les gens qu’elles ne voient plus, en font naître bien peu en ceux qui les voient : la continuation de leur amour pour les absents est moins un honneur à leur constance qu’une honte à leur beauté. Ainsi, Monsieur, que votre maîtresse en aime un autre, ou qu’elle vous aime encore, le bon sens vous la doit faire quitter comme trompeuse, ou comme méprisée. Cependant, en cas que vous voyiez quelque jour à la fin de votre disgrâce, vous ne devez pas en mettre à votre amour. Les courtes absences animent les passions, au lieu que les longues les font mourir.

De quelque côté que se tourne votre esprit, ne lui donnez pas un nouveau poids par la gravité des choses trop sérieuses ; la disgrâce n’a que trop de sa propre pesanteur. Faites en votre exil ce que Pétrone fit à sa mort : Amove res serias quibus gravitatis et constantiæ gloria peti solet ; tibi, ut illi, levia carmina et faciles versus.

Il y en a que le malheur a rendus dévots par un certain attendrissement, par une pitié