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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/213

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italiens assassinent leurs ennemis : mais leurs amis se sauvent de la justice sauvage qu’ils se veulent faire.

Mlle de Beverweert et moi avons dejà eu les coups mortels : la pensée de vos maux a fait les nôtres, et je me trouve aujourd’hui le plus misérable de tous les hommes, parce que vous allez vous rendre la plus malheureuse de toutes les femmes. Quand je vais voir Mlle de Beverweert les matins, nous nous regardons un quart d’heure sans parler ; et ce triste silence est toujours accompagné de nos larmes. Ayez pitié de nous, Madame, si vous n’en avez de vous-même. On peut se priver des commodités de la vie, pour l’amour de ses amis : nous vous demandons que vous vous priviez des tourments, et nous ne saurions l’obtenir. Il faut que vous ayez une dureté bien naturelle, puisque vous êtes la première à en ressentir les effets. Songez, Madame, songez sérieusement à ce que je vous dis : vous êtes sur le bord du précipice ; un pas en avant, vous êtes perdue ; un pas en arrière, vous êtes en pleine sûreté. Vos biens et vos maux dépendent de vous. Ayez la force de vouloir être heureuse, et vous la serez.

Si vous quittez le monde, comme vous semblez vous y préparer, ma consolation est que je n’y demeurerai pas longtemps. La nature