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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/224

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protection de M. le duc de Savoie sèche et nue ? Pourquoi vous en êtes-vous tant étonnée, si vous êtes capable aujourd’hui de quitter celle du roi d’Angleterre, aussi assurée par sa puissance, que solide par ses bienfaits ?

Malgré toutes mes raisons, si nettes et si fortes, j’ai peur que vous n’ayez les yeux fermés à vos intérêts ; malheureuse de ne pas voir en Angleterre ce qui vous convient, plus malheureuse de ne voir que trop ce qui vous convenoit quand vous en serez sortie ! Les lumières vous reviendront quand vous aurez perdu les moyens de vous en servir. Tant que vous serez en ce royaume, à la ville, à la campagne, en quelque lieu que ce soit, vous pouvez raccommoder vos affaires, toutes gâtées qu’elles sont : après l’embarquement, nulle ressource. Il faut aller en des lieux où vous ne trouverez ni satisfaction, ni intérêt ; où vous trouverez vos imaginations trompées, où vous trouverez pour vous tourmenter le sentiment d’une misère présente, et le souvenir d’une félicité passée.

Vous n’aimez pas les exemples, Madame, mais je n’aurai nul égard à votre aversion, pour vous dire que la reine de Bohème4, au


4. Élisabeth Stuart, fille de Jacques Ier, épouse de Frédéric V, électeur palatin, élu roi de Bohême, et qui perdit tous ses États au début de la guerre de Trente ans.