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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/263

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fit : s’il y en avoit eu, toute l’autorité seroit du côté des femmes. La raison des Anciens a fait des lois justes ou nécessaires, pour régler leur temps : la vôtre, Messieurs, ne perd rien de ses droits par les règlements de l’antiquité ; et c’est à vous qu’il appartient de juger souverainement et par vos propres lumières, de nos intérêts.

Les maris seroient trop heureux, si l’entêtement de M. Érard étoit suivi : les femmes trop malheureuses, s’il avoit quelque influence sur vos jugements. Il ne faudroit qu’être mari pour être excusé de toutes fautes, justifié de tout crime, pour être loué de tous défauts. Il ne faudroit qu’être femme, pour être condamnée innocente, pour être méprisée avec du mérite, décriée avec de l’honnêteté. Que M. Mazarin gâte, ruine, dissipe tout, il en est le maître : c’est le mari ; que Mme Mazarin soit laissée dans la nécessité, qu’on l’abandonne à la misère, à la tyrannie des créanciers, quel droit a-t-elle de se plaindre de M. Mazarin, dit son avocat ? C’est sa femme. Aussitôt une coutume des Grecs, une loi des Romains, quelque Novelle de Justinien, viennent appuyer la déclamation. Mme Mazarin mange avec des hommes, sans la permission de M. Mazarin : elle perd sa dot ; elle perd ses conventions matrimoniales, elle perd tout ce qu’elle peut jamais