Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LETTRE À MONSIEUR ***, POUR MADAME LA DUCHESSE MAZARIN.
(1691.)

Je ne suis pas étonnée que M. Mazarin fasse courir le bruit qu’il n’a tenu qu’à moi de retourner en France : mais je la serois beaucoup, si des gens raisonnables se laissoient surprendre à ses artifices et pouvoient être persuadés de ses mensonges. Comme nous ne sommes jamais convenus en rien, je prendrai une voie toute contraire à la sienne, en ne disant que des vérités. Il y a dix ans que M. Mazarin m’a ôté une pension de vingt-quatre mille francs qui m’avoit été donnée pour subsister. Ce retranchement me contraignit à faire des dettes considerables, qui ne me permirent pas de sortir d’Angleterre, où je demeurai importunée de mes créanciers, mais non pas persécutée au point que je l’ai été depuis ce temps-là.

Toutes choses ont changé. La révolution est arrivée : je me suis vue sans secours, sans moyen de payer mes vieilles dettes, et trop