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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/282

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heureuse d’en pouvoir faire de nouvelles, pour vivre. Il n’y avoit point de jour que je ne fusse menacée d’aller en prison. La permission de m’arrêter, en des lieux privilégiés, ne laissoit pas de se donner, et quand je sortois de mon logis, ce n’étoit jamais avec assurance d’y pouvoir rentrer. Étant réduite à cette fâcheuse nécessité, quelques-uns de mes amis, et quelques marchands même, se sont obligés d’une partie de mes dettes à ces tyrans, et ont été bientôt contraints de les payer : mais je n’ai fait que changer de créanciers, et ceux-ci ne prennent guère moins de précaution que prendroient les autres pour être payés. Cependant je leur suis redevable du peu de liberte dont je jouis et de la subsistance que j’ai trouvée jusqu’ici, dont la difficulté augmente tous les jours.

Voilà le véritable état où j’ai été, et la vérible condition où je suis ; assurément elle ne sauroit être plus mauvaise. Je mérite d’être secourue de mes amis et plainte des indifférents. Un plus long discours seroit ennuyeux aux autres et inutile pour moi. Je ne dirai rien davantage.