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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/30

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galanterie des filles, qu’on leur laisse employer bonnement, comme une aide innocente à se procurer des époux. Quelques-unes terminent ce cours de galanterie par un mariage heureux ; quelques malheureuses s’entretiennent de la vaine espérance d’une condition qui se diffère toujours, et n’arrive point. Ces longs amusements ne doivent pas s’attribuer au dessein d’une infidélité méditée. On se dégoûte avec le temps, et le dégoût pour la maîtresse prévient la résolution bien formée d’en faire une femme. Ainsi, dans la crainte de passer pour trompeur, on n’ose se retirer, quand on ne veut pas conclure ; et moitié par habitude, moitié par un sot honneur qu’on se fait d’être constant, on entretient languissamment les misérables restes d’une passion usée. Quelques exemples de cette nature font faire de sérieuses réflexions aux plus jeunes filles, qui regardent le mariage comme une aventure, et leur naturelle condition, comme le véritable état où elles doivent demeurer.

Pour les femmes, s’étant données une fois, elles croient avoir perdu toute disposition d’elles-mêmes ; et ne connoissant plus que la simplicité du devoir, elles feroient conscience de se garder la liberté des affections, que les plus prudes se réservent ailleurs, sans aucun égard à leur dépendance. Ici, tout paroît infi-