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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/31

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délité ; et l’infidélité, qui fait le mérite galant des cours agréables, est le plus gros des vices chez cette bonne nation, fort sage dans la conduite et dans le gouvernement, peu savante dans les plaisirs délicats et les mœurs polies. Les maris payent cette fidélité de leurs femmes d’un grand assujettissement ; et si quelqu’un, contre la coutume, affectoit l’empire dans la maison, la femme seroit plainte de tout le monde comme une malheureuse, et le mari décrié comme un homme de très-méchant naturel.

Une misérable expérience me donne assez de discernement pour bien démêler toutes ces choses, et me fait regretter le temps où il est bien plus doux de sentir que de connoître. Quelquefois je rappelle ce que j’ai été, pour ranimer ce que je suis ; et du souvenir des vieux sentiments, il se forme quelque disposition à la tendresse, ou du moins un éloignement de l’indolence. Tyrannie heureuse que celle des passions qui font les plaisirs de notre vie ! Fâcheux empire que celui de la raison, s’il nous ôte les sentiments agréables, et nous tient dans une inutilité ennuyeuse, au lieu d’établir un véritable repos !

Je ne parlerai guère de la Haye : il suffit que les voyageurs en sont charmés, après avoir vu les magnificences de Paris et les raretés d’Italie.