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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/302

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ÉPITRE DE L’ABBÉ DE CHAULIEU À LA
DUCHESSE MAZARIN.
(1694.)

La divine Bouillon, cette adorable sœur,
Qui partage avec vous l’empire de Cythère,
Et qui sait comme vous, par cent moyens de plaire,
Séduire et l’esprit et le cœur ;
Malgré tout ce que j’ai pu faire,
Veut aujourd’hui que mes vers,
Au hasard de vous déplaire,
Aillent traverser les mers.
À cet insensé projet
Ma raison s’est opposée :
Je vais devenir l’objet,
Ai-je dit, de la risée
De cet homme si fameux,
De qui le goût seul décide
Du bon et du merveilleux ;
Et qui, plus galant qu’Ovide,
Est, comme lui, malheureux.
Ce Sage, qui se confie
Au seul secours du bon sens,
Et dont la philosophie
Bravant l’injure des ans,
Pour surprendre la vieillesse
Par de doux enchantements,